Le test des Hoka Mafate X, la grosse chaussure de trail carbone Hoka !

Historiquement, la Mafate était une chaussure vraiment typée gros ultra avec pour objectif d'offrir un très fort amorti. La dynamique n'était pas sa qualité, ce qui n'est d'ailleurs jamais très important sur les longues distances. Entre-temps, la Mafate Evo est apparue, avec une tige Matryx, mais c'est désormais la Mafate Speed 4 qui seule porte le nom du cirque bien connu. La marque semble relancer la "franchise" en présentant en ce début septembre la Hoka Mafate X.

Le suffixe "Speed" n'est pas présent sur la "Mafate X", et les photos montrent qu'il s'agit d'une chaussure très différente de la Mafate Speed 4. Le stack est très marqué, ce qui laisse évidemment entendre que l'amorti sera tout aussi présent.

La Mafate X affiche clairement ses ambitions techniques, mais aussi ses limites. Avec un poids mesuré de 338 g, elle se situe clairement au-dessus des standards actuels en trail running. Elle présente une hauteur de semelle impressionnante avec environ 50 mm de stack, ce qui exclurait automatiquement son usage sur un marathon routier en compétition. La construction comprend une mousse en PEBA jaune pour le confort, associée à une mousse EVA super-critique pour apporter structure et stabilité. On retrouve aussi une plaque carbone dont la pertinence en trail reste discutable. La semelle extérieure en gomme Vibram est partielle, une caractéristique récurrente chez Hoka, optimisée pour une accroche polyvalente mais qui pourrait poser problème sur terrains très abrasifs. Le prix affiché est élevé : 225 €.

Sous la chaussure, on retrouve la typologie de semelle propre à Hoka, avec du Vibram ajouré qui laisse entrevoir la semelle intermédiaire. L'objectif est de réduire le poids de la chaussure ; je pense aussi que cela apporte de l'accroche grâce aux parties évidées, mais on sait que certains coureurs se plaignent de la solidité : la surface de contact/collage entre le Vibram et la semelle étant plus réduite, les contraintes mécaniques sont plus fortes.

Les crampons sont visiblement moins marqués que sur la Mafate Speed 4, ce qui est indicateur de l'usage ciblé par la marque : sans doute le town2trail, les courses roulantes peu techniques. Je pense à l'EcoTrail, ou des courses comme le AlsaceByUTMB, le Saint-Jacques. J'estime qu'ils font environ 2-3 mm, à comparer avec les 5 mm de la Speed. Cela se rapproche davantage de ce que propose la Speedgoat 6. On remarquera la forme amusante des crampons : en smiley, souriant à l'avant et triste à l'arrière. Il ne faut pas talonner :)

De la nouveauté également sur la mousse utilisée. Jusqu'à présent, la marque communiquait sur de l'EVA, le ProFly +. On est ici sur un EVA infusé à l'azote, une mousse supercritique (l'azote est sous forme gazeuse supercritique lorsqu'il fait "gonfler" la mousse de la semelle dans son moule). Plus intéressant, cette Hoka Mafate X intègre une partie en PEBA, une mousse beaucoup plus efficace et résiliente, sur l'avant de la chaussure (la partie jaune sur la photo).
Au cœur de la chaussure, mais non visible, se trouve la plaque carbone, sans doute similaire à celle de la Tecton X 3.

Le test sur le terrain

À l’essayage, la chaussure offre immédiatement une sensation de confort remarquable grâce à l’épaisseur de sa semelle et au moelleux du duo de mousses. L’amorti est parmi les plus marqués de toutes les chaussures que j'ai récemment testées. Je pense que ça vient évidemment de la semelle surdimensionnée, mais surtout de la partie de la mousse en PEBA qui est notablement plus molle que le reste en EVA. Véritablement de quoi envoyer sans réfléchir dans les descentes roulantes. Le maintien du pied est correct sans être excessivement restrictif, laissant un peu de liberté aux chevilles, notamment dans les dévers, la base.

Sur les premiers kilomètres, le poids se fait clairement ressentir : les 338 g rendent la Mafate X moyennement dynamique, une impression renforcée par la rigidité assez marquée de sa semelle. C'est en montée que l'ensemble est le moins efficace, le manque de flexibilité nuit un peu au déroulé naturel du pied, comme si la chaussure empêchait les orteils de jouer leur rôle, de se plier.

Sous la semelle, pas de surprise avec la gomme Vibram. Comme sur la Mafate Speed 4 ou la Speedgoat 6, l'accroche est excellente, grâce à des crampons assez espacés, et surtout du fait de l'évidement de la mousse EVA entre les crampons eux-mêmes. Cela amplifie l'accroche des crampons dans la terre, même grasse, alors que les crampons ne sont pas particulièrement marqués. Leur apparence assez plate fait aussi que ça fonctionne plutôt bien sur la pierre. Semelle réussie, même si on peut s'attendre à une durabilité non-optimale sur les terrains très rocailleux / abrasif.

Évidemment, je ne peux pas ne pas parler de la présence de cette plaque carbone. Je suis dubitatif. On sait que le rôle d'une plaque carbone (ou polymère d'ailleurs) est d'abord de donner un peu de structure aux mousses supercritiques comme le PEBA, de manière à rendre l'ensemble de la chaussure plus dynamique. Ici, sur la Mafate X, avec la semelle très massive, je ne crois pas qu'il y ait de problème de structure ou de stabilité structurelle. Selon moi, la présence d'une plaque n’apporte ici pas de gain notable sur le terrain, probablement en raison de l’épaisseur extrême de la semelle, qui limite déjà fortement la flexion du pied. Peut-être aurions-nous pu économiser quelques euros.

En résumé

La Mafate X de Hoka est une chaussure imposante, conçue pour apporter un confort maximal sur les longues distances grâce à son amorti exceptionnel et à son excellente accroche. Toutefois, elle souffre d'un poids conséquent et d'une rigidité excessive, qui réduisent nettement son dynamisme. La plaque carbone apparaît davantage comme un argument marketing que comme un véritable atout en trail. Ce modèle conviendra particulièrement aux coureurs privilégiant le confort et la protection, plutôt qu’à ceux recherchant performance et réactivité pure.