Le test des Hoka Rocket X Trail de Ludo Pommeret

Évidemment Hoka n'a pas simplement pris une Rocket X de route pour lui coller des crampons. Une Rocket X emmenée telle quelle sur trail serait trop molle, trop souple, pas assez résistante. Ici, la Rocket X Trail est construite à partir d'une plateforme spécifique pensée pour courir vite sur terrain roulant, avec un fort parti pris sur la stabilité qui est parfois difficile à gérer sur ce genre de chaussure très stackée. Considérant que Ludovic Pommeret les a choisies pour gagner la Hardrock, ça pose le décor.

La Rocket X Trail ci-dessus.

La Rocket X Trail VS la Tecton X3

Visuellement, en tout cas concernant la paire que j'ai reçue de la marque, elle reprend le coloris de la Tecton X3 et on pourrait presque s’y confondre s'il n'y avait pas de guêtre intégrée sur la Tecton. En main et aux pieds, les différences sont nettes : géométrie plus large à l’arrière (environ 1 cm de plus à la base), pas de manchon/chausson intégré, pas de Vibram ni de Matryx. Pour le reste évidemment, qui dit X chez Hoka, dit un système de plaque en H conçu pour offrir un peu de structure et de rigidité à la supermousse. Lire également le test des Hoka Tecton X3.

La Tecton X 3 ci-dessus

Caractéristiques techniques

Poids mesuré à 248 g sur ma balance. Enfin, c'est plutôt étrange, car j'ai constaté une différence de poids de 12 g entre la chaussure droite et la chaussure gauche. 242 g vs 254 g en pointure 42 2/3, ça arrive paraît-il.

Je ne connais pas le stack exactement, l'épaisseur de la semelle, mais je l'estime supérieur à 40 mm, disons 42-44 mm. Le drop est de 6 mm, un peu plus faible que ce que la marque fait désormais (8 mm). Le prix public annoncé est à 225 €.

La semelle intermédiaire adopte la nouvelle mousse A-TPU (supercritique), plus ferme que le PEBA de la Tecton X3, avec un très fort ressenti tonique. Cette nouvelle mousse qu'on voit également apparaître chez d'autres marques (comme chez Asics) annonce une meilleure durabilité théorique en termes de qualité dynamique.

Dans la semelle, la mousse encapsule le système de plaque "en H", comme pour la Tecton X3. Le but est de donner de la rigidité dans l'axe de la chaussure, tout en laissant un peu de souplesse en latéral pour s'accommoder du terrain (on n'a pas le même besoin sur la route). La plateforme est très large au talon, pour gagner en stabilité.

Côté tige, on a une empeigne en mesh nylon assez fin mais plutôt structuré à la manière du Matryx, qui devrait ne pas trop s'user j'espère. On notera qu'il y a quand même peu de protection sur les côtés, et le pare-pierre est léger. La languette est très fine et accrochée au reste de la tige, avec des lacets crantés qui ne glissent pas.
Sous la chaussure, des crampons assez petits, d'environ 2 à 3 mm d'épaisseur. Je pense qu'ils devraient être efficaces sur les sols secs et compacts, mais sans doute insuffisants en conditions humides (boue mais également dalles humides).

Sur le terrain

L'avant-pied de cette Rocket X Trail est plutôt spacieux, mais ça taille juste. Je trouve que le talon manque de tenue d’emblée, et il ne faudra pas hésiter à utiliser le deuxième œillet. Une fois chaussée, je confirme que la mousse paraît plus ferme que du PEBA, mais on ressent malgré tout de la souplesse sous le talon.

La languette très fine, et le fait qu'elle est peu mobile, demande de bien desserrer les lacets pour la positionner correctement, je ne suis pas très fan. Je trouve que le fit pourrait être globalement plus étroit, considérant que la chaussure se positionne sur le segment perf et les terrains roulants. Je parle de manière générale, car personnellement j'aime assez lorsque le fit est un peu lâche, à l'arrière au talon en particulier, cela offre plus de liberté.

J'ai effectué deux sorties avec ces Hoka Rocket X Trail, dont une dans des conditions très humides et grasses : là, pas de surprise, ça accroche peu. J’ai même glissé en dévers (cheville qui part), ce qui confirme que les crampons fins ne sont pas faits pour la boue. Sur sec, c’est l’inverse : très bon grip et un comportement très tonique.
La mousse A-TPU renvoie très bien. Je confirme que je la trouve moins moelleuse que du PEBA mais plus efficace à cadence élevée ; on sent que ça "pousse".

Au niveau de la stabilité : malgré l’impression d'une forme de louvoiement inhérente aux stacks généreux et mousses modernes, la large base arrière limite le bras de levier et rassure. Je confirme également que le chaussant pourrait être plus fit, et que le talon à l'arrière est assez mobile. J'ai toujours préféré un talon relativement peu tenu comme c'est le cas ici, à une chaussure qui bloque l'arrière du pied. Cela offre plus de flexibilité.

Usages cibles : Ce n’est pas une chaussure pour le technique ça c'est clair. Je trouve que l'ensemble est plutôt stable, mais ça peut quand même partir à tout moment. Par contre, sur les chemins et sentiers roulants, la Hoka Rocket X Trail est vraiment agréable et efficace. Je la considère comme un excellent choix pour les courses roulantes, les sentiers forestiers secs, sur des formats "gravel". Je l'imagine très bien sur des épreuves type Trail du Saint-Jacques, Alsace UTMB ou EcoTrail. Sur une CCC également, pourquoi pas si vous avez de l'expérience.

En résumé

Ce que j’aime

La Rocket X Trail donne immédiatement le ton : la mousse A-TPU (et la plaque) imprime une impulsion franche et un retour d’énergie sensible dès qu’on hausse le rythme. Sur les portions roulantes et sèches, la plateforme très large au talon apporte un vrai sentiment de sécurité : la pose de pied est claire malgré le stack généreux. Malgré des crampons étroits, je trouve l’adhérence sur sol sec convaincante, avec un bon grip. Côté serrage, les lacets crantés font bien le job : ils ne glissent pas et tiennent la tension, tandis que la languette très fine, une fois correctement repositionnée, disparaît et évite les points durs.

Ce que j’aime moins

Dès que le terrain devient humide et gras, la limite apparaît vite : l’accroche se délite, au point de m’avoir fait partir en dévers sur une section boueuse. Le maintien du talon n’est pas irréprochable non plus ; j’ai ressenti du jeu à l’arrière et l’usage du deuxième œillet s’impose pour verrouiller un peu mieux. La tige, en mesh nylon assez rigide, ne joue pas dans la cour des matériaux premium (pas de Matryx), et je regrette l’absence d'une semelle Vibram d’autant plus que le tarif annoncé est de 225 €. Enfin, l’avant-pied relativement large laisse de la latitude agréable sur le roulant, mais manque de "pince" pour une conduite vraiment typée perf.