Le test terrain des Arc'teryx Vertex Speed, mix trail + approche !

Arc’teryx pousse sa logique alpine jusqu’aux pieds avec la Vertex Speed, une chaussure hybride qui assume son ADN montagne : entre trail léger, fast-hiking et approche. D’allure racée, elle cache une architecture taillée pour la caillasse, les pierriers, les arêtes et les pentes raides. L’objectif n’est pas de gagner des secondes sur un 30 km roulant, mais de sécuriser chaque appui quand le terrain devient difficile, que la précision prime et que la progression ressemble parfois plus à de la grimpe facile qu’à de la course à pied.

Positionnement dans la gamme Arc’teryx

Dans l’univers chaussures de la marque, la Vertex Speed se positionne à part. Face à la Norvan LD 4 (chaussure de trail "classique" longue distance, plus tolérante, pensée pour enchaîner les heures en sentiers variés) et à la Norvan SL 3 (profil ultra minimaliste, hyper légère, typée skyrunning/vertical, moins protectrice), la Vertex Speed joue un rôle de chaussure technique d’approche qui accepte de courir. Elle parle aux montagnards qui alternent marche rapide, escalade facile, couloirs d’éboulis, crêtes, et portions trottables entre deux barres rocheuses. Elle prend le relai de la Arc'teryx Vertex qui était un peu passée inaperçue dans le milieu, même si j'en avais parlé lorsqu'elle est sortie. 

La Vertex originale ci-dessus, lire mon test.

Caractéristiques techniques des Vertex Speed

La Vertex Speed affiche d’emblée son parti pris montagne avec l’utilisation d’une tige en Matryx, ce textile qu’on commence à bien connaître, qui utilise des fibres en partie à base de Kevlar. A priori ça résiste mieux à l’abrasion. Cette tige est renforcée par des bandes latérales en TPU qui ceinturent le médio-pied et stabilisent l’ensemble lors des appuis en traversée ou sur blocs.

Un chausson-guêtre intégré, montant, complète le dispositif : il filtre les intrusions (sable, petits gravillons, aiguilles) et aoute un peu plus de tenue de la cheville sur les terrains les plus techniques.
Le laçage se fait proprement, grâce à une petite pochette à lacets, qui sécurise l’excédent et contribue à la ligne épurée typique de Arc’teryx. On sent aussi l’héritage Salomon qui fait partie du même groupe que Arc’teryx.

À l’avant, un pare-pierre généreux et épais remonte haut, autorisant les contacts francs avec la roche et protégeant efficacement les orteils.

Sous le pied, la semelle extérieure Vibram adopte de gros pavés au dessin espacé pour rester mordante sur les sols durs, tout en réservant une large zone de contact lisse à l’avant, inspirée des chaussures d’approche. Cette géométrie favorise l’adhérence par friction et un bon "toucher" sur les dalles. Évidemment, la chaussure ne sera pas la meilleure sur les sols gras. L’ensemble de la chaussure reste volontairement rigide afin d’offrir une pose nette et précise.

La mousse évolue par rapport à la première Vertex : plus moelleuse au premier contact, elle demeure néanmoins ferme selon les standards du trail 2025, avec un amorti dense et contrôlé qui privilégie la stabilité au rebond. L’allègement est spectaculaire : on passe d’environ 320 g à 240 g, sans renoncer aux matériaux premium ni à la protection. Positionnée à 180 €, la Vertex Speed s’inscrit dans le segment technique haut de gamme, avec l’utilisation de matériaux de référence (Matryx, Vibram, guêtre intégrée) qui justifie son positionnement pour un usage montagnard exigeant.

Sur le terrain

L’enfilage est typé "chausson" : il faut tirer sur la languette arrière pour passer la guêtre, puis ajuster finement. Une fois en place, on a un excellent verrouillage du médio-pied et de la cheville : le fit est plutôt serré, le volume sur l’avant est modéré, le pied est bien plaqué dans la chaussure. On a une sensation de stabilité latérale immédiate, une assise assez valorisante. L’ensemble respire la précision et la technicité : peu de flou, pas mal de précision, une sensation de protection.

Sur les terrains pour lesquels elle est destinée (montagne, roche, dalles), la Vertex Speed inspire confiance. Le pare-pierre large, qui descend bien sous l’avant de la chaussure, autorise des contacts francs. La guêtre évite les intrusions et la tige Matryx/TPU encaisse et protège assez bien malgré le poids limité de l’ensemble.

L’amorti n’est pas moelleux façon ultra-trail : c’est plutôt ferme et dense, mais filtrant juste ce qu’il faut, avec un retour mesuré. Après ~100 km sur des terrains alpins cet été (dans Belledonne surtout), je n’ai pas constaté d’usure notable : la durabilité semble au niveau de la promesse.

Le châssis relativement rigide et le rocker discret favorisent le contrôle sur les dalles et les passages où la précision est de rigueur. La zone lisse avant accroche le rocher comme peut le faire une chaussure d’approche (en escalade). La traction des crampons larges est irréprochable sur les sols durs, et surtout dans les pierriers. Le Vibram brille exactement là où on l’attend : dans les endroits où on ne veut surtout pas glisser, la sensation de contrôle est supérieure à une chaussure de trail standard. Sur roches humides, on conserve également un très bon niveau de grip. En revanche, dans le gras, l’adhérence régresse : ce n’est pas son terrain de jeu.

Cette Arc’teryx Vertex Speed est parfaite en fast-hiking engagé, en marche d’approche, sur les crêtes et lors des sorties alpines techniques où l’on marche vite, trottine quand c’est roulant, gratte un peu de rocher de temps en temps. On peut courir, et agréablement, sur les liaisons roulantes, mais ce n’est pas la meilleure option pour du trail "chrono" ou alors seulement si vous êtes légers et que vos genoux sont costauds (ça tape un peu).

L’usage type : une journée en montagne, un bivouac avant un sommet facile, et de manière générale les sorties en sentiers très techniques. Si vous y pensez pour une course de trail, privilégiez les parcours très alpins et courts. J’adore la précision chirurgicale des appuis, la tenue latérale exemplaire, la protection frontale, la sécurité sur rocher et la grosse perte de poids par rapport à la première Vertex. J’apprécie également le design épuré comme la marque canadienne sait le faire. Évidemment, cette Vertex Speed n’est pas une chaussure de trail des plus polyvalentes.

Conclusion

Plus qu’une chaussure de trail technique, la Vertex Speed est une chaussure d’approche qui sait courir. Elle vise les montagnards qui pensent itinéraire en off avant le chrono, qui alternent marche rapide et foulées opportunistes, et qui aiment avoir les pieds bien tenus, de la précision et du grip sur la pierre. Plus légère qu’auparavant, mieux amortie sans renier une certaine fermeté attendue, elle assume une personnalité tranchée : excellente en terrain alpin, correcte sur sentier roulant et pas trop longs, et plutôt mal à l’aise dans le gras. Pour qui cherche une option légère, protectrice et sûre pour progresser en montagne, c’est une proposition singulière et réussie dans la galaxie Arc’teryx. À compléter d’une Norvan LD 4 si l’objectif redevient "courir longtemps".

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