Une chaussure de route avec un peu de crampons
Aujourd'hui, je vous présente une chaussure qui surfe sur une tendance forte du moment, celle de la polyvalence et du passe-partout. Je parle de la Salomon Aero Blaze 3 GRVL, GRVL pour Gravel, évidemment. L'idée est simple : proposer un modèle hybride, capable de faire la jonction entre le bitume et les sentiers faciles, surfant sur la mode du vélo du même nom. Il y a quelques années on appelait ça le "Road to Trail", mais le marketing a décidé que ça n'allait plus trop. Reste à savoir si, sur le terrain, cette promesse de polyvalence tient la route... ou le chemin.
📷 Le test terrain des Salomon Aero Blaze 3 GRVL ! | Une chaussure de route avec un peu de crampons
Caractéristiques Salomon Aero Blaze GRVL
- Prix catalogue 140€
- Talon 35mm
- Drop 8mm
- Poids 242g
- Mousse Energy Foam EVO (eTPU)
Usage: Les Salomon Aero Blaze GRVL sont des chaussures polyvalentes, pour la route et les chemins, les terrains peu techniques, pour courir sans se soucier de la terre.
Points forts: Une bonne routière véloce, légère, confort, juste ce qu'il faut de crampons pour le bois
Points faibles: Qd mm as assez de crampons... Robustesse ?
Note: 4/5
Cette Aero Blaze 3 GRVL n'est pas une pure création ex-nihilo pour le trail. C'est en réalité une adaptation de la Aero Blaze de route, une chaussure plutôt dynamique destinée aux entraînements, véloces éventuellement. Elle se distingue de sa cousine, l'Aero Glide, qui elle, mise plus sur le confort et l'amorti. Ici, on est sur un produit plus léger, plus nerveux, que Salomon a doté d'une semelle extérieure légèrement retravaillée pour affronter les graviers et les sentiers stabilisés.

Elle s'adresse aux coureurs de route qui s'aventurent en forêt, ou aux traileurs débutants cherchant une chaussure de transition pour l'hiver lorsque le parc devient glissant en chaussures de route. Il y a quelques temps j'avais testé les Salomon DRX Defy GRVL, le modèle précédent dans cette catégorie chez Salomon.

Sur le papier, la chaussure affiche des arguments intéressants, notamment son poids plume de 242 grammes, ce qui est plutôt léger pour une chaussure qui prétend quand même se balader en forêt. Cette légèreté est rendue possible grâce à l'utilisation d'une nouvelle mousse, l'Energy Foam Evo. Il s'agit d'une mousse en TPU, dont l'aspect rappelle les billes de polystyrène expansé (ou le Boost d'Adidas d'il y a dix ans), qui promet un amorti très moelleux et une belle réactivité.

Le stack est conséquent, offrant une bonne épaisseur de semelle pour l'amorti. Côté tarif, Salomon frappe fort avec un prix catalogue de 140 €, ce qui la place dans une fourchette très accessible pour un modèle équipé de technologies modernes. La tige est classique, en mesh, renforcée par un petit pare-pierre à l'avant, suffisant pour les cailloux mais sans doute léger pour la vraie rocaille. Enfin, la semelle extérieure présente une structure très peu cramponnée, presque lisse, qui trahit immédiatement son ADN routier.

Le test terrain de la Salomon Aero Blaze 3 GRVL
À l'enfilage, la chaussure s'ouvre grand, ce qui facilite l'insertion du pied. On découvre une languette assez particulière, fine et étroite, conçue dans une sorte de matière synthétique doublée qui fait penser à gros bas résille. Le fit est précis, comme souvent chez la marque d'Annecy, mais j'ai été agréablement surpris par la largeur à l'avant-pied (la toe-box), qui laisse les orteils respirer. La chaussure taille normalement. Le confort est immédiat, c'est moelleux, mais on sent aussi que le maintien n'est pas celui d'une pure chaussure de trail : la tige est souple, et si elle remonte bien sur la malléole, elle n'offre pas une structure très rigide.

Sur les premières foulées sur le bitume, on sent que la chaussure est dans son élément. L'amorti de l'Energy Foam Evo est excellent, très agréable, offrant ce côté "nuage" sans être mou pour autant. C'est une chaussure de route déguisée : elle déroule parfaitement, le dynamisme est là, et on prend plaisir à courir sur les portions roulantes. Elle est véloce, idéale pour des sorties courtes ou des entraînements rythmés.

Mais dès qu'on quitte l'asphalte pour des sentiers un peu plus nature, le constat est mitigé. Sur des chemins blancs ou des pistes de graviers (le fameux programme Gravel), elle fait le job grâce à son confort. En revanche, dès que le terrain devient technique, boueux ou accidenté, les limites sont vite atteintes. Le manque de structure de la tige et la souplesse de la semelle rendent la chaussure instable dans les appuis fuyants.
C'est le point critique si vous espérez en faire une vraie chaussure de trail. La semelle extérieure, avec ses crampons quasi inexistants, est très limite. Elle sera efficace sur le sec et le compact, un peu comme une chaussure de route "4x4", mais elle montrera de grosses lacunes dans la terre meuble ou la boue. Pas de surprises là dessus, ce n'était pas au programme, l'accroche n'est pas dimensionnée pour la montagne ou les conditions hivernales difficiles.

J'apprécie particulièrement le rapport qualité-prix de ce modèle qui offre une technologie de mousse performante pour un tarif contenu, ainsi que son confort immédiat et son amorti moelleux. La légèreté est aussi un atout indéniable, on est sur une chaussure typée entrainement 10k sur route. Je regrette quand même le manque de polyvalence réelle dès que le terrain se dégrade ; l'appellation Gravel tient plus du marketing que d'une réelle aptitude technique.
Je déplore également une stabilité et un maintien trop justes pour un usage trail sérieux, ainsi qu'une semelle extérieure trop lisse qui limite son usage aux beaux jours et aux sols secs. Cela n'aurait pas posé de gros problème si la chaussure avait eu de vrais crampons... mais peut-être est-ce réservé à la Salomon Pulsar que je teste en parallèle et qui profite de la même nouvelle techno de mousse.

Conclusion
La Salomon Aero Blaze 3 GRVL est une très bonne chaussure... de route, capable de s'aventurer sur les bas-côtés et les chemins forestiers bien propres. Elle s'adresse avant tout aux coureurs qui cherchent un produit unique pour des parcours mixtes (bitume + parc), aux débutants qui ne veulent pas investir dans une chaussure trop spécifique, ou aux traileurs qui veulent travailler leur vitesse sur des terrains peu techniques. Si vous cherchez une chaussure pour l'hiver, la boue ou la montagne, passez votre chemin. Mais pour 140 €, si votre terrain de jeu ressemble à des pistes de graviers californiennes ou des chemins de halage, c'est une option confortable et dynamique à considérer, notamment pour découvrir cette nouvelle mousse Energy Foam Evo qui équipe aussi les modèles plus haut de gamme comme la Pulsar.
Pour terminer, n'hésitez pas à vous inscrire à ma newsletter gratuite où je partage toute l'actualité autour du trail, les nouveautés matos, mes derniers tests et autres conseils. C'est ici.


