Le test complet des Scarpa Spin Ultra 2, à l'ancienne !

Présentation : une Scarpa pur jus

Scarpa ("chaussure" en italien, rappelons-le) a toujours cultivé une identité forte, ancrée dans la montagne et l’alpinisme. La gamme trail n'échappe pas à cette règle avec des modèles comme la Ribelle Run 2 ou la Spin Planet. La Spin Ultra 2 arrive donc avec la lourde tâche de succéder à un modèle apprécié pour sa fiabilité, mais vieillissant face à une concurrence qui a énormément évolué (Hoka Mafate 5, Salomon Ultra Glide 3, et même La Sportiva avec sa Prodigio).

Visuellement, on retrouve la patte de la marque : une construction sérieuse, un design racé et une semelle qui inspire confiance. Là où d'autres ressemblent à des chaussures compensées, la Spin Ultra 2 conserve un profil relativement bas et agressif. Elle se positionne comme une chaussure d'ultra "montagnarde", pour ceux qui privilégient la stabilité et le ressenti du terrain au confort moelleux d'un chamallow.

Caractéristiques techniques

Sur le papier, la Scarpa Spin Ultra 2 affiche des mensurations assez contenues avec un poids de 280 grammes (sur ma balance de cuisine), ce qui reste cohérent pour la catégorie. C'est surtout au niveau de la semelle intermédiaire que la chaussure marque sa différence,  ou son âge, selon le point de vue. Avec un stack de 28 mm au talon, on est en effet bien en deçà des standards "maxi" qui dominent le marché de l'ultra-trail en 2025. Scarpa fait le choix de conserver une mousse CMEVA (EVA compressé moulé) plutôt ferme, prenant le contre-pied des tendances actuelles portées sur le moelleux et les mousses supercritiques.

Cette fermeté, couplée à un drop réduit de 4 mm, destine clairement le modèle aux coureurs désireux de stabilité et de ressenti terrain plutôt que d'un amorti très confort. Pour le contact au sol, la marque italienne renouvelle sa confiance au Vibram Megagrip avec des crampons de 5 mm. C'est une configuration classique et efficace, même si l'on ne retrouve pas les dernières technologies façon "Traction Lug" que j'aime particulièrement.

Enfin, le prix public de 189 € peut sembler un peu ambitieux pour une chaussure qui, bien que robuste et sérieuse, s'appuie sur des technologies de construction finalement assez traditionnelles.

Premières sensations : un chaussant à apprivoiser

À l’enfilage, la Scarpa Spin Ultra 2 surprend. La languette est large et structurée, facilitant l'entrée du pied, mais le volume chaussant est généreux, voire très généreux. C'est un point de vigilance majeur : la chaussure taille grand. Pour beaucoup de coureurs, il sera nécessaire de descendre d'une demi-pointure, voire d'une pointure complète, pour éviter que le pied ne navigue.

Le fit est néanmoins précis au niveau du médio-pied grâce à une tige bien structurée et des renforts présents sans être envahissants. On sent immédiatement la fermeté de la semelle, mais on est loin de l'accueil douillet d'une Fresh Foam ou d'une ZoomX. C'est du sérieux, c'est du Scarpa. La malléole est bien dégagée, et le confort d'accueil, bien que ferme, reste agréable pour qui aime se sentir tenu.

Le test terrain : L'efficacité avant tout

Sur les sentiers, la Spin Ultra 2 ne triche pas. La mousse CMEVA offre un amorti ferme, très stable. Oubliez l'effet trampoline des super shoes. Ici, on cherche l'efficacité et la précision. Cette fermeté est un atout indéniable dans les portions techniques, la chaussure ne s'écrase pas, le pied ne vrille pas. On garde le contrôle. En revanche, sur les portions roulantes ou le bitume, le manque de renvoi et la dureté de la semelle se font sentir. Ce n'est pas une chaussure pour courir au sens athlétique du terme sur du plat, mais bien pour progresser en montagne.

L'accroche et la stabilité sont les gros point fort du modèle. La semelle Vibram avec ses crampons de 5 mm fait des merveilles. Que ce soit dans la caillasse, sur la roche sèche ou dans la terre meuble, le grip est irréprochable. Couplée au stack modéré et au drop de 4 mm, cette semelle offre une stabilité redoutable. Là où une chaussure à grosse semelle (comme une Hoka Mafate 5) pourrait vous mettre en danger dans un dévers technique par effet de levier, la Spin Ultra 2 reste collée au sentier. C'est très rassurant.

Malgré son nom Ultra, je nuancerais quand même son usage en 2025. Pour un coureur habitué aux standards modernes d'amorti, elle sera peut-être trop sèche pour un 100 miles, sauf en terrain très technique où la précision prime. Je pense qu'elle est d'abord destinée aux formats 50-80 km en montagne (type Belledonne ou Pyrénées) où l'on marche beaucoup et où la pose de pied doit être sûre.

Si j'apprécie particulièrement le caractère rassurant et la stabilité impériale de cette Scarpa dans le technique (une véritable assurance quand le terrain devient hostile), je reste plus réservé sur sa rigidité et son manque de fun sur les parties roulantes, qui trahissent une conception un peu "à l'ancienne". De même, le taillant trop grand oblige à une vigilance lors de l'achat, et le prix de 189 € me semble un peu élevé pour une technologie de mousse qui n'est pas de dernière génération.

Conclusion

La Scarpa Spin Ultra 2 est une chaussure de caractère qui ne plaira pas à tout le monde, et c'est tant mieux. Elle s'adresse aux traileurs montagnards, ceux qui privilégient la précision et la sécurité à l'amorti "nuage". C'est une chaussure robuste, stable, dotée d'un bon grip, parfaite pour les terrains techniques et cassants. Si vous cherchez une chaussure pour un trail de montagne plutôt roulant, passez votre chemin et regardez plutôt du côté d'une Salomon Ultra Glide 3 ou d'une Hoka Mafate 5. Mais si votre terrain de jeu est fait de cailloux et de dévers, cette Scarpa est une bonne option.