Le test de la Scarpa Ribelle Run 2, robustesse et précision en montagne.

Aujourd’hui, je vous présente une chaussure au charme transalpin : la Scarpa Ribelle Run 2, et son bleu Bianchi qui évoque directement l'Italie. Derrière son look séduisant se cache une chaussure de trail clairement pensée pour la montagne… et pas pour la balade de santé.

La présentation technique selon la marque

La Scarpa Ribelle Run 2 affiche 325 g en taille 42 (selon la marque, car je l'ai pesée à 338g en 42.5), pour un drop de 4 mm (26,5 mm au talon, 22,5 mm à l’avant) et des crampons bien marqués de 6 mm, taillés pour accrocher sur les terrains rugueux. La tige associe un mesh respirant et costaud à la technologie maison EXO, un exosquelette intégré qui renforce le maintien latéral. La construction chausson enveloppe le pied comme une seconde peau : pas de point de compression, pas de gêne au niveau de la cheville, et surtout, une chaussette/guêtre intégrée contre l’intrusion de cailloux et débris.

Le "3S Frame" complète l’ensemble en ceinturant la chaussure pour un maintien renforcé et une protection qui inspire confiance, surtout quand le sentier vire à l’alpin. Sous le pied, on retrouve la semelle PRESA TRN-10, développée spécialement pour les sections techniques : un caoutchouc à l’adhérence qu'on espère bonne, évidemment aussi sur roche humide, et une stabilité comme il le faut. Côté laçage, Scarpa a opté pour un Fast Lacing System, un quick lace autobloquant qui permet un ajustement rapide et précis… même si, je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas ce que je préfère.

Mon test détaillé

On est ici sur un modèle qui tranche avec les poids plumes du marché. Là où une Merrell MTL SkyFire 2 ou une S/LAB Pulsar 3 joue la carte de l’ultra-légèreté (moins de 200 g et une souplesse extrême), la Ribelle Run 2 revendique 338 g en pointure 42,5, pesés par mes soins, et ça se sent dès qu’on l’a en main. Avec son pare-pierres qui remonte sous le contrefort, sa tige épaisse et sa structure générale bien costaude, on est plus proche de la chaussure d’approche (bon, pas tout à fait, mais vous voyez l'idée) que de la fusée minimaliste.

La semelle intermédiaire en EVA compressé est ferme, et l’amorti un peu juste : 26 mm sous le talon, 22 mm à l’avant, pour un drop de 4 mm. La semelle extérieure est crantée, bien dessinée pour le rocher, mais ne vous attendez pas à un effet “chausson rebondissant”. On est clairement sur du dur, du rigide, du technique.

Enfilage, ajustement et première impression

Le chaussage réserve quelques surprises. La languette est assez rembourrée, mais le petit tirant sur le dessus pas des plus pratiques à manipuler. Le système Quick Lace, j'ai toujours du mal avec en général mais j'aime bien le passage sur l'avant pour glisser le lacet. Du côté du chausson : une fois bien ajusté, il colle parfaitement au pied, notamment grâce à l’enrobage haut au niveau de la malléole, qui limite efficacement l’intrusion des débris. Attention, la pointure taille un chouïa grand : prévoir une demi-pointure en moins pourrait s’avérer judicieux, surtout si vous aimez être calé sans flottement.

Dès les premiers pas, la sensation de fermeté est frappante. On est sur une semelle ferme, sans effet trampoline ni rebond moderne, une sensation un peu “old school” qui plaira ou non, selon vos attentes. Je sais que vous êtes nombreux à préférer les semelles un peu denses à l'inverse de ce qui se fait aujourd'hui sur le marché en supercritique.

Test terrain : technique avant tout

Sur le terrain, la Ribelle Run 2 dévoile sa nature : ultra-stable, précise, sécurisante dans le technique. C’est typiquement le genre de chaussure qu’on emmène sur un ultra-trail alpin, type Pica-Pica ou Echappée Belle, là où l’on marche, on grimpe, on négocie des descentes techniques, plus qu’on ne court à proprement parler. Là-dessus, elle est irréprochable.

En revanche, dès qu’il s’agit de dérouler sur du roulant ou de relancer, on sent vite ses limites. Le talon reste un peu libre malgré un laçage serré, et l’avant, très encadré, offre peu de souplesse. Résultat : on gagne en finesse de placement mais on perd en confort et en capacité à allonger la foulée.

La Scarpa Ribelle Run 2 est une chaussure spécifique. Pour les sentiers techniques, les blocs, les pierriers, elle est remarquable de stabilité et de protection. Mais elle reste lourde, ferme, peu dynamique, et souffre de petites limitations ergonomiques (languette, laçage, tenue au talon).

À 169 €, son positionnement tarifaire est correct vu la matière et la technicité, mais attention : ce n’est pas un modèle pour tout faire. Elle s’adresse aux traileurs aguerris, ceux qui savent où ils mettent les pieds et veulent une alliée solide pour la haute montagne. Si vous cherchez du confort et du moelleux pour courir longtemps et vite, vous trouverez mieux ailleurs.

Conclusion

En résumé, la Scarpa Ribelle Run 2 s’impose comme une chaussure de trail ultra-technique, taillée pour les terrains alpins engagés, où la priorité est donnée à la précision, à la stabilité et à la protection. Avec son poids conséquent et sa rigidité assumée, elle séduira les traileurs expérimentés à la recherche d’un modèle robuste pour affronter les pierriers, les crêtes et les longues sections marchées en ultra. Mais attention, son amorti mesuré (voire limité) et son manque de dynamisme la rendent moins adaptée aux parcours roulants ou aux coureurs en quête de confort moelleux. Une chaussure de niche, exigeante, à réserver à ceux qui sauront l’apprécier, peut-être.