Le test des La Sportiva Prodigio Max : l’ultra à l’ADN montagnard

La Prodigio Max est la déclinaison "ultra" de la famille Prodigio chez La Sportiva : plus de matière sous le pied, davantage de structure, l’ambition claire d’emmener loin, y compris quand le terrain se corse. Sur le papier, le profil est taillé pour l’ultra-trail moderne ; sur le terrain, l’ADN montagnard de la marque ressort davantage qu’attendu.

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• Le test des La Sportiva Prodigio Pro

Historiquement, La Sportiva produit des chaussures fermes, très tenues, à l'ADN alpin, qu'on pourrait presque considérer comme des chaussures de rando lorsqu'on pense à la Ultra Raptor. La Prodigio (V1) a bousculé cette image avec une plateforme plus joueuse et dynamique. La Prodigio Max reprend l’esprit de protection/stabilité de chez La Sportiva, en ajoutant du stack et une tige sensiblement plus structurée que la Prodigio "de base". C’est la version pensée pour l’ultra, toutes conditions, avec l’idée de sécuriser la foulée quand la fatigue s’installe.

Les caractéristiques de la Prodigio Max

Affichée à 180 € prix catalogue, la Prodigio Max se place dans le haut du panier tarifaire des modèles d’ultra. Le poids, que j'ai mesuré à 301 g sur ma balance de cuisine, reste contenu au regard de la protection embarquée : on n’est pas sur un poids plume, mais cela reste très correct pour l'usage cible.

Sous le pied, on trouve une semelle de 37 mm de stack pour un drop de 6 mm qui favorise une foulée naturelle sans basculer dans le radical. Le composé XFlow Endurance, une mousse EVA infusée à l’azote, devrait délivrer un amorti ferme : l’idée n’est pas de rebondir à chaque pas, mais de conserver de la structure sur les terrains techniques. L’extérieur cramponné à 4 mm adopte le motif en A, la signature La Sportiva. Je pense que cela devrait être efficace sur les sols secs et compacts. Cela devrait aussi fonctionner dans la caillasse.

Côté tige, on reste fidèle à l’ADN montagnard de la marque : un mesh épais et assez renforcé, des pare-pierres généreux à l’avant, et un contrefort du talon assez ferme. La languette fine limite l’encombrement, ce qui devrait garantir un bon calage du pied, même si j'aurais préféré des lacets crantés plutôt que ces lacets tubulaires que j'aime assez peu en général. L’ensemble respire le sérieux.

Le test terrain

Je trouve que le chaussant de ces Prodigio Max est plutôt ajusté avec un volume modéré pour les orteils : on perçoit vite la structure (pare-pierres épais, empiècements latéraux) et elle chausse un peu petit : une demi-pointure au-dessus ne sera pas de trop pour beaucoup. Sous le pied, la mousse XFlow est amortie mais relativement ferme si je compare à ce que propose la Prodigio "normale". On est plus sur un soutien constant (voire pressant) que sur un moelleux rebondissant comme on pourrait l'imaginer lorsqu'on connaît la gamme.

La malléole est bien dégagée (pas de frottements à l'horizon), mais une pression verticale se fait sentir sur le cou-de-pied et l’assise plantaire épaisse (une semelle de propreté ~2–3 mm) accentue cette sensation. L'ensemble devrait se faire à l'usage, mais je conseille par exemple de récupérer une semelle plus fine pour libérer un peu d’espace. Une ancienne semelle de propreté avec l'empreinte du pied déjà formée fera l'affaire.

Sur le terrain, la Prodigio Max s'affirme d’emblée comme une chaussure protectrice. La filtration des chocs est plutôt bonne à faible allure, et le pied est bien encapsulé avec toute cette matière sur l’avant. Le revers du bouclier, c’est une tige peu permissive : la structure latérale guide clairement le pied, parfois trop, et impose sa trajectoire dans les passages serrés. Ceux qui aiment sentir la tige « vivre » autour du pied resteront sur leur faim ; ici, la priorité est à la tenue et à la robustesse.

Côté dynamique, la chaussure déroule proprement sur piste et chemin compact, mais le retour d’énergie reste mesuré. La mousse XFlow Endurance n'est clairement pas la même que sur la Prodigio Pro : on avance, on est protégé, ça fonctionne pas mal, mais on ne retrouve pas le côté joueur, ludique, de la gamme Prodigio.

La stabilité profite de la fermeté générale : la chaussure ne s’écrase pas et reste plutôt bien dans l'axe. Pour autant, elle demeure moins "calée" que certaines références au châssis plus large. Sur les dévers prolongés ou les appuis fuyants, une Brooks Caldera 8 ou une Asics Trabuco Max 3 offrent davantage de stabilité passive et demandent moins d’attention générale. La Prodigio Max sécurise, oui, mais elle demande tout de même d'être vigilant.

L’accroche est correcte sur à peu près tous les sols, mous ou compacts grâce aux crampons en forme de chevrons. En particulier parce qu'ils sont bien espacés. Je regrette quand même le manque d'originalité des crampons dans leur forme qui pourraient être plus différenciés selon la zone sous le pied. La semelle offre également un bon contact sur la pierre.

Au final, cette La Sportiva Prodigio Max ne trompe pas son monde, c'est clairement une chaussure qui vise l’ultra et les longues sorties rando-course. Elle privilégie la sécurité, la protection et la tenue du pied. À l'inverse, si vous recherchez de la dynamique et de la vivacité, un tempérament plus joueur, la marque propose la Prodigio de base et évidemment la Prodigio Pro.

Ce que j’aime

• Protection et sécurité : pare-pierres, renforts, tige costaude.
• Plateforme cohérente pour l’ultra : drop 6 mm, stack 37/31, mousse assez ferme.
• Un peu de latitude au talon, malléoles dégagées.

Ce que j’aime moins

• Volume intérieur : compression sur le cou-de-pied, fit un peu trop marqué pour l'ultra ;
• Pointure à surveiller ;
• Fermeté globale : peu de "fun" à l’usage, dynamique en retrait vs Prodigio standard ;
• Stabilité relative face aux références du segment (Brooks Caldera 8, Trabuco Max 4) ;
• Tarif un chouïa élevé (180 €).

Conclusion

Cette La Sportiva Prodigio Max coche les cases attendues d’une chaussure d’ultra à la sauce alpine : robuste, protectrice, sûre quand on marche plus qu’on ne court et que la caillasse s’invite à la fête. Elle conviendra aux traileurs cherchant une plateforme solide et sécurisante, moins à ceux qui veulent une mousse moelleuse avec du renvoi, même si je trouve que le chaussant est un peu trop marqué et serré à mon goût. Pour un usage longue distance polyvalent et plus joueur, la Prodigio « de base » reste, à nos yeux, l’option la plus séduisante de la gamme. Face à la concurrence, ceux qui priorisent encore plus la stabilité regarderont la Brooks Caldera 8 et, pour un amorti plus généreux et une accroche plus technique, la Hoka Mafate 5.