Le test des Saucony Endorphin Edge, l'avenir du trail ?

Il y a quelque temps, Saucony commercialisait les Endorphin Trail, des chaussures qui promettaient beaucoup mais qui m'avaient un peu déçu (voir mon test des Endorphin Trail ici). En parallèle, la marque lançait la 3ème version de son modèle élite les Endorphin Pro 3, une belle réussite.

Cette toute nouvelle Endorphin Edge en serait la synthèse fonctionnelle, une chaussure de trail équipée d'une mousse hyper dynamique et d'une plaque carbone. Voyons ce que cela donne.

La prise en main

Il ne plaira sans doute pas à tout le monde, les goûts et les couleurs, mais le rose du modèle que j'ai testé est superbe. Il faut assumer, mais vous le savez peut-être, je ne jure que par des produits qui presque jurent. Le bleu est également très beau.

La marque annonce un poids de 255g. Je fais toujours l'exercice de la pesée, et qu'elle ne fut ma surprise de constater une différence de 15g entre la chaussure de gauche et celle de droite : gauche 269g, droite 254g. On sait qu'il y a toujours quelques grammes d'écart, mais là... Chose encore plus amusante, il m'est impossible de percevoir la différence "à l'aveugle", ce qui permet de relativiser l'importance du poids sur des chaussures de course à pied.

Valeur classique chez Saucony depuis longtemps, le drop est de 6mm. Le stack (35/29mm), est conséquent pour une chaussure de trail. Il faudra tester le comportement sur terrain chaotique, la tenue et la stabilité en dévers plus précisément.

La mousse utilisée est le PWRRUN PB, comme sur la Endorphin Pro 3. La plaque est une Carbitex, clairement revendiquée, là où la marque ne donne pas d'éléments concernant les Endorphin Pro. Comment l'interpréter ? On sait que les chaussures de trail ont besoin de flexibilité latérale en plus de l'effet propulsif qu'on attend dans l'axe.

Je trouve que le grip, les crampons, ne sont en général pas le point fort de Saucony. Ici, quand-même, la gomme utilisée est plutôt molle. Cela assure une bonne accroche sur le très sec, voire sur la roche. La forme des crampons en revanche manque clairement d'originalité, des chevrons tous identiques quel que soit leur emplacement. On est loin du travail effectué par Asics, par exemple, qui inverse la position des crampons sur l'extérieur de la chaussure pour améliorer le grip en descente. Ceci-dit, je chipote, la chaussure est globalement efficace.

Le test terrain

La chaussure se chausse facilement, la languette se positionne correctement, cela fonctionnera bien si vous avez le pied fort. Je teste en parallèle les chaussures de Kilian les NNormal Tomir et Kjerag ; c'est une autre histoire. Le laçage, en revanche, n'est pas très efficace. La présence de l’œillet déporté empêche de sangler correctement tout le long, comme si il y avait un point d'arrêt. Il faut d'abord serrer l'avant, puis dans un second temps tirer les lacets sur le haut. Personnellement, j'aime bien pouvoir sangler en une seule fois.

Malgré le stack important, on ne ressent pas d’instabilité latérale. Le pied ne vrille pas dans la chaussure comme c'est parfois le cas, surtout si on utilise le deuxième oeillet des lacets. La mousse est évidemment un peu molle, comme sur toutes les chaussures modernes (rebond oblige), ce qui donne une sensation de flottement, mais cela disparait vite dès les premières foulées. On fera quand même attention sur les longues distances, où, avec la fatigue, on peut être surpris.

Venons-en à la qualité première de ces Saucony Endorphin Edge, la dynamique. Je ne vais pas aller par quatre chemins, c'est la chaussure de trail la plus efficace que j'ai pu récemment tester. C'est ce qui ressemble le plus à une chaussure de trail à plaque carbone, telle qu'on peut l'imaginer : une chaussure hyper dynamique avec une semelle cramponnée. En cela elle est plus efficace que la Hoka Tecton X.

J'aime aussi que l'encolure ne soit pas trop haute, loin de la malléole, offrant de la légèreté à l'ensemble. Son point faible, car elle en a un, c'est son efficacité sur les terrains techniques. La tige est faiblement renforcée, un peu sur l'avant, et il ne faudra pas s'attendre à beaucoup de robustesse, surtout si vous courrez sur des terrains caillouteux. La souplesse de la semelle, qui la rend efficace à bonne allure, manquera de précision si vous progressez sur un terrain très inégal. Elle ne conviendra pas aux coureurs qui manquent d'équilibre, de proprioception, ce n'est pas une chaussure de skyrunning.

Conclusion

En résumé, je recommande fortement la Saucony Endorphin Edge aux coureurs qui recherchent une chaussure pour aller vite en forêt ou sur les sentiers peu techniques. C'est la chaussure idéale pour des courses comme l'Ecotrail, la Saintélyon, voir la CCC si vous avez une bonne technique de course. C'est la chaussure de trail la plus véloce du moment. Elle fait partie, de facto, des meilleures chaussures de trail 2023. A l'inverse, si vos terrains d'entrainement sont caillouteux et peu roulants, ce n'est pas la chaussure qu'il vous faut. Message à la marque : n'essayez pas d'innover sur le laçage et restez classiques, l'oeillet déporté pose plus de problèmes qu'autre chose. Le prix, évidemment, est élevé...