Madeira Island Ultra Trail

La course à faire!

Je ne sais plus comment j'en suis arrivé là. Le Madeira Island Ultra Trail fait clairement partie des trails difficiles. Ce n'est d'ailleurs pas ma modeste expérience d'une CCC terminée l'année dernière qui me rassure lorsque j'entends Julien Chorier présenter le MIUT comme une petite diagonale des fous. Petite d'accord, mais en plus raide.
Je découvre la course à l'occasion de la remise des prix de l'Ultra Trail World Tour gagné pour la première fois l'année dernière par François d'Haene. C'est l'inscription de quelques copains de chez Allibert Trekking qui accélère ma décision, je m'engage sur le 115km.

📷 Madeira Island Ultra Trail | La course à faire!

Le MIUT c'est plusieurs distances: 115km, 85km, 40km, 17km. Tout se fait sur le même tracé et à la fin tout le monde arrive à Machico. la course est cette année présentée comme une course "Future" de l'Ultra Trail World Tour. J'ai eu l'occasion d'en parler avec Jean-Charles Perrin (qui dirige aussi l'EcoTrail), il ne fait aucun doute que le MIUT a toute légitimité pour rejoindre les autres courses du circuit UTWT.

A la suite de la grève des contrôleurs aériens français, c'est tout le planning de l'avant course qui est perturbé. Certains arriveront dans la nuit du jeudi au vendredi après un détour par Genève. Pour ma part, je suis plutôt satisfait de la TAP qui a totalement assuré lors du transfert à Lisbonne en venant me chercher directement sur le Tarmac.

On devait se retrouver pour la pasta party le jeudi soir, mais c'est finalement seul devant mon plat de sucres lents que j'entre dans le sujet. En face de moi, un américain. Il s'appelle Scott et on commence à discuter du programme, lui part sur le 85km, moi sur le 115. On parle aussi d'un sujet plutôt tabou lorsqu'il me lance la question "have you ever DNF?". Je ne suis pas superstitieux...

Le lendemain vers 11h je retrouve les camarades d'Allibert, ils sont presque une dizaine à participer d'une façon ou d'une autre. Je croise aussi Thomas Lorblanchet qui termine un petit footing (le départ est le soir même à minuit, et il court le 115km). Je discute 5 minutes avec lui, sur sa forme et aussi sur son nouvel équipementier Altra Running. Il semble content de ses LonePeak! Je lui dis que j'ai mis une pièce sur lui...

Le MIUT est basé à Machico, dans l'est de l'île à quelques minutes seulement de l'aéroport.

Le CR d'une course écourtée

Pour une fois je ne vais pas raconter ma course. Je vais quand même vous dire que le départ était particulièrement rapide avec une montée sèche de 400m, très sèche même. Juste dans la foulée on redescend au niveau de la mer pour traverser un pont où une foule s'est amassée. Superbe ambiance à cet endroit, encouragements bienvenus avant que nous attaquions la première grosse montée de la course (1000m d+) vers les hauteurs typiques de Madère. Je suis avec Stéphane, et je suis surpris par le rythme de l'ensemble des coureurs en ce début de course.

Je n'ai pas eu le temps de profiter de la course. Mon souvenir le plus fort : j'entre dans cette forêt primaire typique de Madère (et de la Macaronésie), la laurisylve. L'odeur est incroyable, amplifiée par l'atmosphère humide apportée par les nuages de l'atlantique qui viennent se poser contre l'île vers 1000m d'altitude.

le sentier continue de monter, un escalier de rondins détrempés et glissants et des marches en boue. C'est le seul aperçu technique que j'aurai du MIUT que tout le monde qualifie de Trail difficile. Je suis parti un peu fort et la levada qui arrive me permet de reprendre un rythme plus modéré calé derrière le coureur qui me précède. Je réduis la puissance de la frontale, je déconnecte le cerveau pendant quelques kilomètres puisque le terrain est facile. La suite se résume en 1/4 de seconde: ma cheville part sur un caillou en dévers et la douleur apparait instantanément. Le gars qui me suit sort quelque chose en portugais, je réponds par un putain merde qui résume tout.

Le départ a lieu de Porto Moniz à l'autre bout de l'île. Il faut ~1h de bus pour s'y rendre. Nous y arrivons vers 23h. Je trouve une place sur des marches à quelques mètres du départ. Je prends le temps de finir de m'habiller, un peu de nok, j'accroche mon dossard. Je retrouve ensuite Stéphane ainsi que Sandrine, Emmanuel et Fabrice.

Au ravito qui suit, je ne sais pas quoi faire. Je vois Jean-Charles Perrin (il est là pour l'Ultra Trail World Tour), je discute quelques instants avec lui, j'hésite. Arrive Fabrice qui me dit que Stéphane a un peu temporisé, que je peux l'attendre et continuer avec lui. Très vite cependant je prends ma décision, je décide d'arrêter là pour éviter d'aggraver les choses. Il reste 100km et ma cheville à vriller deux fois d'affilée, c'est une entorse c'est certain c'est trop risqué. J'ai aussi d'autres courses de prévues bientôt (mai, juin), ce n'est que le début de la saison. Je pense que ce n'est pas trop grave car ce n'est pas enflé, mais je prends un gros risque d'aggraver mon cas si je continue. Si le MIUT avait lieu en octobre la chose aurait été différente.

J'abandonne

Je découvre ainsi ce que je ne connaissais pas, le statut DNF. Je pense alors à Scott l'Américain c'est oiseau de malheur. Je suis le premier à abandonner mais je dois attendre que tous les coureurs soient passés avant qu'un minibus de l'organisation me ramène à Machico. Progressivement la salle des éclopés se remplit, un gars qui s'est vraiment cassé la cheville (il ne peut plus poser le pied par terre), un autre qui a vomi dans la montée, un autre qui est fatigué et qui ne veut plus continuer... Les causes d'un abandon restent subjectives.

Alors je vais profiter de Madère

Je suis de retour dans ma chambre vers 5-6h du matin. Je ne sais pas quoi penser, je suis très déçu et je m'en veux. Je me dis que j'aurais pu continuer, que ma cheville n'est pas enflée. Certains le font comme Sandrine qui m'apprendra après coup qu'elle s'est aussi fait une entorse vers le 16ème km mais qu'elle a quand même continué. Dans ma tête à ce moment c'est un échec.

  • Je loge à la Quinta da Capela , une ancienne maison noble de Madère.

  • Vue sur Porto da Cruz depuis ma chambre

  • Vue depuis la petite terrasse attenante à la maison sur les hauteurs et au fond Portela.

Je me réveille quelques heures plus tard et je découvre que Stéphane a abandonné. Il s'est blessé en tombant lourdement sur le dos dans la descente qui suit le premier ravito. Comme j'ai une voiture pendant ces quelques jours je lui propose d'aller à la rencontre des copains sur la fin de course, ce que je cogitais déjà dans le mini-bus des blessés de la veille. On doit pouvoir les retrouver aux ravitos du Pico do Areiro et de Poiso.

En attendant Stéphane, je prends un Mixed Fish dans le restaurant sur la digue. Je vois passer les coureurs du 40 et du 17 qui en terminent, je les accompagne de quelques félicitations.

La haut sur les crètes

  • Nico sur la fin de la traversée entre Pico Ruivo et Pico d'Areiro.

  • Nico et Marco en balcon sur les crêtes avant de redescendre sur Ribeiro Frio.

  • Fabien dans la brume. Cette année le soleil était au rendez-vous mais le plus souvent il fait nuage...

  • Patrick qui aura aussi pris le temps de faire une video . retrouve Marco et Nico au ravito du Pico do Areiro.

  • Quand Stéphane conseille en tactique de course on écoute :)

  • La montée depuis Ribeiro Frio vers Poiso, la dernière de la course avant la descente sur Portela.

En montant en voiture, nous croisons Aude Diet à bonne allure qui mène la danse devant une autre féminine. Je l'encourage par la fenètre ce qui la surprend. J'apprendrai plus tard qu'elle gagnera la course. C'est énorme.

Nous passons ainsi l'après midi sur les crètes à encourager les coureurs et surtout suivre notre équipe bien engagée sur ses 85kms. Marco et Nico sont devant danse au Pico do Areiro (km 45) lorsque Patrick les rejoints et repars avec eux à l'avantage d'un arrêt éclair au ravito. Fabien et Alban font leur course à une petite heure derrière. Nous les retrouvons à Poiso (km 59) avant l'attaque de la dernière descente et le début de la nuit. Cette après midi à encourager les copains compense la déception de l'abandon et je passe finalement une bonne journée.

Machico, l'arrivée!

Aujourd'hui une semaine après la course je pense avoir pris la bonne décision. La cheville va mieux même si la douleur est toujours là et que les ligaments tirent. Je me projette déjà sur mon prochain rendez-vous à Annecy fin mai pour la MaxiRace. Je repense aussi bien sur au MIUT, surtout que les souvenirs sont encore échangés par la communauté des finishers sur les réseaux sociaux.

Même si ces quelques lignes sont teintées de déception, le MIUT est sans aucun doute une course à faire dans le panorama des ultra trails. Tous les coureurs avec qui j'ai pu parler après la course le confirme: parcours difficile, paysages fantastiques, ambiance incroyable et très bonne organisation. Pour ma part, je n'ai pas encore décidé si j'y retourne l'année prochaine, mais il est certain que j'ai un compte à régler avec une levada dans l'ouest de l'île.

Plus d'infos

Le MIUT fait désormais partie de l'Ultra Trail World Tour. Voici quelques informations supplémentaires si vous souhaitez y participer :