Le test des Saucony Endorphin Elite, peut-on faire plus efficace ?

Saucony a lancé en ce début d'année une nouvelle chaussure carbone, encore plus radicale que les Saucony Endorphin Pro 3 que nous avons testées ici. Au delà du prix presque indécent de 300€, il s'agit quasiment d'un prototype que la marque nous propose.

Le vert façon pomme granny, il faut aimer...

La technologie (oui c'est de la techno) évolue constamment. Un jour peut-être toutes les chaussures de running à visée performante seront équipée de plaques carbone., mais pour l'instant cette nouvelle Endorphin, la Elite, se veut destinée aux meilleurs coureurs. On reste dans les chiffres autorisés, avec une semelle de 39.5mm au talon et un drop de 8mm. La plaque carbone évolue, avec une forme de "fourchette" sur l'avant pour plus d'efficacité évidemment. La mousse de la semelle évolue elle aussi, avec une nouvelle dénomination : PWRRUN HG. Le poids annoncé à 204g en taille échantillon (42.5 en général) et mesuré à 214 grammes en 43.

Talon très peu structuré, encore moins que sur d'autres chaussures à plaque carbone comme la Rocket X 2 ou la adidas Adios Pro 3.

La plaque carbone, apparente sous la chaussure, enserrée par une bandelette qui remonte autour du pied.

Les sensations de course

Je vais aller directement à l'essentiel, cette chaussure est impressionnante par la sensation de rebond qu'elle procure. De toutes les chaussures à plaque carbone que j'ai pu tester, c'est celle qui est la plus expressive. C'est sa plus grande qualité, évidemment ce que tout le monde recherche.

Il est toujours difficile de mesurer le gain en performance de manière objective, car il faudrait tout mesurer et être certain que ce n'est pas la forme du jour qui fait qu'un certain chrono est meilleur plutôt que la chaussure. Pourtant, je peux clairement dire ici que le combo mousse / carbone est bluffant de rebond. C'est probablement aussi du à la forme très archée de la chaussure, on le sent nettement sur l'avant, la semelle et les orteils remontent sensiblement. Cela a pour effet de "forcer" la bascule lorsque le pied déroule, et cela active la plaque qui se plie sous le poids du coureur.

À l'inverse, on ne peut pas dire que le confort soit au rendez-vous. Cette Endorphin Elite s'enfile facilement, et le pied s'y trouve à son aise. On n'est pas du tout serré, la tige très fine est peu contraignante. Par contre, dès les premières foulées, on comprend que l'ensemble est très peu stable. Le talon mal maintenu tourne facilement, au point même de s'écarter de la semelle de propreté. Cette dernière est peu large, elle ne remonte pas assez sur les côtés du talon, on ressent son rebord sous le pied, ce n'est pas agréable. Je trouve cela dommage, ces éléments impactent les premières impressions, où on ne pense qu'à ça lorsqu'on court : "c'est pénible cette impression de talon qui bouge, de rebord de semelle". Bon...

Cela dit, peut-être est-ce secondaire. Si je voulais une chaussure confortable, je prendrais la Saucony Triumph 21 récemment testée. On a ici une chaussure très performante pour un 10km, et c'est finalement l'objectif. Cette histoire de chaussant et d'instabilité posera problème sur marathon, et sauf si vous êtes un champion de France en devenir, je ne la recommande que pour le plaisir des sensations de rebond qu'elle procure. Avec un prix catalogue de 300€, je trouve également qu'on arrive à des considérations qui dépassent le seul sujet des performances : c'est très cher, et si on les choisit, c'est pour le plaisir ou parce qu'on a les moyens.