L'Ultra Marathon du Laugavegur

Sur un des plus beaux sentiers au Monde

"La route des sources d'eau chaude", c'est la traduction littérale de Laugavegur. En Islande la toponymie est souvent très explicite, on comprend donc que la région est particulièrement géothermique. Le sentier qui relie Landmannalaugar à Þórsmörk traverse certainement quelques-uns des plus beaux paysages de l'île et les nombreux randonneurs qui font ce trek ne s'y trompent pas.
L'idée de faire les 54km du Laugavegur en courant est la succession logique de mon histoire personnelle, devenu trailer avec le temps et ayant déjà parcouru le Laugavegur deux fois en marchant. Il fallait que je revienne pour cet Ultra-Marathon.

Laugavegur

La carte du Laugavegur présentée ci-dessus est superbement interactive mais seulement si vous utilisez un ordinateur ou un écran d'une taille supérieure à celui d'un smartphone. Cela fonctionne peut-être aussi sur une tablette.

Laugavegurinn Ultra Marathon 2015

La course en raccourcis

Il y a un an, je ne savais pas que cette course existait. C'est en lisant le compte rendu d'Endomorfun sur leur propre aventure 2014 que j'ai découvert l'événement. La vidéo de Anne-Claire et Jean-Guillaume ainsi que leur récit de course n'ont pas mis bien longtemps à me décider à y participer à mon tour.

Sauf à être un Islandais blasé ou totalement insensible au beau, on ne peut pas faire cette course sans s'arrêter et profiter un minimum des incroyables paysages de cette région. Sources et fumeroles, champs de neige et de lave, cratères et glaciers, canyons et plaines de sables noirs. Passez directement aux photos pour vous donner une idée.

En cette édition 2015 le temps fut splendide, même si le plateau d'Hrafntinnusker était bien chargé en neige molle et instable. Comme toutes les courses, celle-ci je l'ai couverte sur sa longueur. j'entends par là que je l'ai terminée sensiblement fatigué, petite tendinite naissante au genou gauche. J'ai aussi eu un peu chaud et presque soif sur la dernière section presque longue. Conseil comme toujours et encore plus ici : partir doucement car il faut pouvoir courir sur les 35 derniers km roulants. Cela ressemble à la SaintéLyon pour cela.

Le profil du Laugavegur, montant sur le premier 1/3 puis globalement assez roulant sur les 2/3 suivant. Longue partie plate au milieu.

Je n'avais aucun objectif sur la course. Je sortais de l'Ultra Mitic à la suite duquel j'avais fait une pause d'au moins 10 jours. Fin août la TDS m'attend. Cette course allait faire une excellente sortie longue en mode rando course (plutôt course quand même...), avec un temps s'annonçait splendide qui me forcerait à m'arrêter pour faire des photos.

Je me place en tête de la deuxième vague. Elles sont organisées par "niveau" sur la base de ce que chaque participant avait annoncé. C'est l'occasion pour moi de tester un départ en tête de groupe. C'est assez grisant et je me prends un peu au jeu dans le sentier sinueux qui traverse le champ de lave bien connu de Landmannalaugar.

On entre ensuite dans le vif du sujet avec le plateau d'altitude de Hrafntinnusker et son champ de neige particulièrement étendu cette année. Il faut faire attention à ne pas trop forcer sur cette partie si on ne veut pas le payer par la suite sur la fin de la course. Je trouve que je suis un peu rapide, mais mes arrêts très réguliers pour prendre des photos permettent de compenser.

La longue traversée du plateau de Hrafntinnusker couvert de neige. Progression fatiguante sur une neige molle lorsqu'on ne veut pas rester sur l'étroite trace inconfortable laissée par les randonneurs journaliers.

Je suis assez vite surpris par le grand nombre de randonneurs sur le sentier. Déjà au départ à Landmannalaugar il y avait beaucoup de tentes et sur la suite du parcours nous avons bien du croiser ou doubler une centaine de randonneurs. Dans mon souvenir (j'y suis venu en 1994 et 2001) il n'y avait presque personne, et la dernière fois j'avais du voir au maximum une dizaine de personnes.

Le ciel était légèrement couvert au départ mais assez vite le voile se lève lorsque nous dépassons le plus haut point. Dès le 5ème km et jusqu'à la fin de la course nous profitons d'un temps superbe. J'attendais en particulier le panorama depuis les hauteurs sur Alfavatn et je n'ai pas été déçu. Cette vue justifie à elle seule de participer à la course. Mélange improbable de couleurs, contrastes enneigés, glaciers et cônes volcaniques, champs de cendre. C'est aussi à cet endroit qu'on quitte la neige pour réellement commencer à courir.

La vue incroyable sur Alfavatn. Sur la gauche Eyjafjallajökull le célèbre volcan (c'est le nom du glacier en fait) qui fit parler de lui en 2010.

On traverse peu après 2 gués où certains auront déposé un sac contenant une paire de chaussures sèches. Je file sans m'arrêter sur la partie la plus roulante du parcours, le Mælifellsandur une immense zone plate de sable noir. Les marathoniens avec qui je suis sont plus à l'aise sur cette partie et j'ai un peu de mal à rester avec eux. A l'entrée d'Emstrur je me souviens de l'endroit, il y a presque 15 ans j'avais fait une pause devant cette même étendue qui m'attendait.

La longue partie de sable noir entre Alfavatn et Emstrur

La zone d'Emstrur est une de celle que je préfère sur le Laugavegur, avec ses cônes volcanique qui sortent de nulle part et son sol lunaire. Je fais toujours beaucoup d'arrêts photos comme sur ce point de vue qui en marque l'entrée lorsqu'on vient de Thorsmork. Dans la descente vers le 3ème ravito, je rejoins cette fille qui m'avait doublé dans la longue montée après le départ. Je trouvais à son allure qu'elle allait vite et il semble qu'elle commence à payer ses efforts matinaux. Je mange en quantité car je sais qu'il n'y aura rien d'autre avant l'arrivée. Je trouve d'ailleurs que le contenu alimentaire proposé est très léger, en tout cas beaucoup moins varié que ce qu'on trouve sur n'importe quel trail de cette distance en France. Au menu : bananes + gatorade, c'est tout. A Emstrur on a quand même le droit à des mars et snikers, mais pas de salé. Il faudra donc le prendre en compte avant le départ.

La vue classique d'Emstrur

Les premiers kilomètres après Emstrur sont un peu vallonés, on passe le petit pont du canyon, on remonte le long d'une immense fracture volcanique avant de continuer vers Thorsmork. Cette dernière partie très roulante commence à me fatiguer. Un début de tendinite fait aussi son apparition sous le genou gauche. Je mets ça sur le coup de mes chaussures, des Salomon Fellraiser que je n'utilise en général pas sur de telles distances. Je pensais qu'elles me seraient profitables connaissant le terrain parfois gras et la neige qui nous attendait, mais si je devais refaire cette course je partirais en Hoka Challenger ATR.

Quelques kilomètres avant la fin, une petite remontée avant d'arriver au dernier gué.

Il y a un dernier petit ravito environ 5km avant l'arrivée. Il ne propose que de l'eau (et du coca de mémoire je ne sais plus). J'y fais un arrêt éclair et je repars sur la dernière petite montée avant de redescendre sur le dernier gué où des spectateurs sont venus nous encourager depuis l'arrivée toute proche. La traversée du petit bois d'arbres nains est la dernière étape, quand vous y serez vous pourrez commencer à penser à la bonne douce geothermale et au ragoût d'agneau que vous pourrez prendre derrière la ligne.

Finisher

Pour l'histoire, l'Islandais Þorbergur Ingi Jónsson gagne la course en 3:59:13 battant par la même occasion son propre chrono et laissant Vajin Armstrong (Néo-Zélandais au palmarès non négligeable) à plus de 30 minutes. Chez les filles une Américaine gagne en 5:48:47. Je termine en 6h46, 102ème sur 361 finishers. Je ne sais pas combien nous étions au départ, peut-être 400.

Et après?

Si vous venez en Islande il faut évidemment prévoir d'y rester un peu plus longtemps que le temps de la course. Je ne suis peut-être pas objectif puisque j'en suis à mon 6ème séjour, mais cette île est absolument magique. J'ai ainsi ensuite rejoint mes copains de milesandlove.com pour un petit roadtrip d'une semaine bien sympathique. Sur les conseils de Destination Islande, on passera du temps dans le Snaefellsness, et plus au nord dans les fjords de l'ouest. Phoques communs, macareux et tordas, renards arctiques au programme, récit à venir sur journaldutrek.com :). Je tiens aussi à remercier Wow Air qui m'a invité sur un de ses vols entre Paris et Reykjavik (1 vol par jour, départ vers midi).

Les photos du Laugavegur

J'ai l'impression d'avoir passé mon temps à faire des photos pendant cette course. Temps splendide, envie d'en profiter surtout. Mes camarades de courses Islandais se rappelleront sans doute de ce touriste français qui s'arretait bien trop souvent pour une course.

Landmannalaugar

Tout le monde entassé au départ. Ici la première vague.

Une fois le champ de lave de Landmannalaugar traversée, c'est parti pour la montée.

Puis assez rapidement les premiers névés.

Ces teintes caramel sont typique des environs de Landmannalaugar. Le sentier monte progressivement jusqu'au plateau de Hrafntinnusker, le plus haut point du parcours. 400m de gain sur les 8 premiers km.

Les fumeroles de la zone de Storihver

Le vaste plateau enneigé de Hrafntinnusker

C'est le début de la longue traversée du plateau d'altitude. Je commence à remonter certains coureurs du premier groupe partis 5 minutes plus tôt.

La progression dans la neige est assez pénible. Une rigole étroite tracée par les randonneurs où on peut difficilement courir, et lorsqu'on s'échappe sur les cotés on s'enfonce un pas sur deux.

Le refuge de Hrafntinnusker fait office de 1er ravito. Bananes et Gatorade (ou équivalent), seulement.

Jolie vue en retrait sur les coureurs ET les nombreux randonneurs.

Passage coloré et saut de cabri pour franchir le torrent invisible en bas à droite.

Une vue que vous ne pourrez pas manquer en regardant vers l'ouest peu avant de redescendre.

C'est bientôt la fin du plateau

Alfavatn

Cette fameuse vue sur Alfavtn et les volcans au loin...

Cet ici sans doute le plus beau point de vue du trail, et peut-être de toute l'Islande.

Deux des nombreux randonneurs doublés ou croisés sur le sentier.

L'arrivée au refuge d'Alfavatn, deuxième refuge. Le lac à droite.

C'est quand même assez agréable de pouvoir courir après ce long champ de neige des hauteurs.

Environ 1km après le refuge d'Alfavatn, premier vrai gué à traverser. Un autre un peu plus loin où on peut récupérer un sac et changer de chaussures par exemple. Je pense que ce n'est pas nécessaire.

Un autre point de passage, mais pas un ravito. Oublié le nom, entre Alfavatn et l'endroit où on peut faire déposer un sac de change.

la traversée de Mælifellsandur vers Emstrur

La rivière Inrri Emstrua, première grosse rivière avec pont obligatoire. On entre ici dans la partie la plus roulante, un grand sandur un peu long à mon goût.

Une large plaine de sable noir sur environ 5km, c'est Mælifellsandur. Terrain très roulant et monotone, j'ai un peu de mal à suivre les coureurs au profil marathonien avec lesquels je suis.

C'est l'entrée dans Emstrur et sa morphologie lunaire. Un de mes endroits préférés de la course, pour le souvenir que j'en ai lorsqu'on y bivouaqua en 2001...

Emstrur

Je regarde derrière moi pour voir cette vue classique d'Emstrur.

Et de l'autre coté ça donne ça. Ici on est à 1km du refuge de Botnar.

Le refuge de Botnar, 3ème ravito.

Je suis au ravito, très heureux, je profite vraiment d'être là.

Et c'est reparti pour la dernière section!

la dernier partie roulante - Fauskheidi

Le petit pont pour traverser la gorge où les coureurs les moins pressés posent. La course n'est pas finie, mais on sait que le reste est roulant.

On longe ici une immense fracture de lave pendant 1km avant de passer par dessus (je regarde en arrière).

Au loin on commence à deviner Thorsmork, c'est la première fois qu'on peut se projeter visuellement sur la ligne d'arrivée.

Bien surveiller les marques sur la fin, le petit groupe dans lequel j'étais à fait un petit écart de trajectoire en suivant les traces de randonneurs.

La marque du Marathon. Il reste un peu plus de 10km.

La fin du parcours est sensiblement moint intéressante. Il faisait même un peu chaud et quelques-uns avaient soif.

Les derniers kilomètres

Dernière véritable montée après un point d'eau environ 4km avant l'arrivée. Je termine bien en laissant mes camarades des derniers 15km un peu en retrait, sans doute aidé par cette montée où j'ai toujours été un peu mieux qu'eux.

On arrive enfin au dernier gué 2-3 km avant l'arrivée

Le petit bois.

Sur la fin, je sentais une ambiance particulière, je pense que des Elfes m'observaient.

L'arrivée se juge au refuge à Langidalur. On y retrouve le sac qu'on a déposé au départ, et une superbe douche chaude à gros jet. Je vous conseille aussi clairement de prendre le repas d'après course, un grand classique agneau islandais!