Le Trail des Tranchées 55km, récit de course !

Pour le souvenir

Lorsqu'on prend part à une course de trail, c'est rarement pour des raisons culturelles ou historiques. Une course, c'est un événement sportif, un projet de coureur, ou une étape vers le grand objectif de la saison. Il arrive qu'on fasse aussi des choix combinés, comme lors des vacances en choisissant la course du coin. Le trail des tranchées, c'est un peu autre chose, pas complètement anodin lorsqu'on connait l'histoire de France. Même lorsqu'on est Allemand.

📷 Le Trail des Tranchées 55km, récit de course ! | Pour le souvenir

Introduction

Un peu d'histoire. On ne peut pas prendre le départ de cette course sans se remémorer ce qui s'est passé sur les hauteurs de Verdun en 1916. La bataille de Verdun.

Le départ a lieu au pied de l'Ossuaire de Douaumont, et l'ambiance qui y règne est forte et chargée. Les chiffres permettent de mesurer les choses, mais dire ici que les restes de 130.000 inconnus sont stockés, soldats Français comme Allemands, n'aide qu'à peine à prendre conscience de l'horreur qui a eu lieu dans les environs.

Au total, ce sont 700.000 victimes entre février et novembre 2016, 50 millions d'obus tombés sur le champ de bataille, 6 obus par mètre carré de terrain, 1000 morts par jour pendant 10 mois. Pendant la course, nous passerons sur le Fort de Douaumont, et surtout le Fort de Vaux qui capitula à la suite d'un siège horrible, et nous allons courir dans la Tranchée des Baïonnettes où les hommes dormaient et mourraient debout.

La course

Le Trail des Tranchées est organisé (et j'en connais peu comme cela) par l'Office de Tourisme du Grand Verdun (Tourisme Grand Verdun). C'est révélateur d'une certaine volonté d'associer le souvenir, le culturel et le sport, chose que peu d'autres courses sont capables de proposer en dehors de quelques Trails Urbains ou certaines courses qui s'appuient sur un symbole... comme ici la bataille de Verdun.

3 formats

  • 15km et 330d+, le circuit Baïonnette
  • 32km et 730d+, le circuit Poilu
  • 55km et 1380 d+, le circuit Vaillant

Sur le 55km, la course que j'ai faite, il y a 3 ravitaillements, au 16km, au 32km, puis au 42km, ainsi qu'un point d'eau en dernière étape au 50ème, quelques kilomètres avant l'arrivée. Si vous la souhaitez, voici la trace GPS sur Strava.

J'ai longtemps hésité à prendre le départ de cette course. Comme l'impression de ne pas respecter les lieux en y courant. Puis, en y réfléchissant, n'ayant jamais visité l'endroit mais avec encore le souvenir familial de quelques aïeux tombés ici ou ailleurs entre 1915 et 1918, c'était peut-être l'occasion de célébrer leur mémoire en montrant que la vie a continué, que leurs descendants sont là.

Vous trouverez dans ce petit récit un lien vers les différentes étapes de la course dans ma vidéo, directement vers l'endroit concerné !

🎥Le bus

L'organisateur met à disposition des bus qui permettent de se rendre au départ de la course depuis la grande salle omnisport qui est également le lieu d'arrivée tout près du centre ville de Verdun. De là, avec un départ des bus vers 6h30, on nous amène sur le site de l'Ossuaire de Douaumont qui est aussi le départ des autres formats (le 32 km et le 15 km). Pour un 55km je ne prends pas, en général, le temps de m'échauffer, mais avec la température de 5°C et surtout la pluie qui nous tombe dessus, nous avons tous presque froid. Après 5-10 min à petite foulée, je suis près et je rejoins mes 450 camarades sous l'arche.

🎥Départ

Le Trail des Tranchées - Ossuaire et cimetière de Douaumont

Le cimetière militaire et l'ossuaire de Douaumont

Le départ se fait dans une solennité marquée, lorsque le speaker propose une minute de silence pour la mémoire. La troupe se lance le long de l'Ossuaire, puis 1km sur la route afin d'étirer le peloton. Vers le 3ème kilomètre, nous passons devant le Mémorial, un très beau musée sur la guerre, que je recommande fortement de visiter si vous pouvez venir la veille de la course.

Le Trail des Tranchées - Encore groupés vers le 7ème km

Les premiers kilomètres sont très roulants, ils sont principalement composés de larges chemins forestiers stabilisés. J'en viens à me dire que ce n'est pas si terrible en le remarquant avec un de mes voisins "On m'avait promis beaucoup de boue, j'en vois pas trop". L'allure est même un peu rapide, et je réduis volontairement la cadence car après 1h de course, il restera encore plus d'un marathon à courir...

Le Trail des Tranchées - Sur les fortifications de Froideterre

Froideterre

Vers le 10ème, après une montée d'environ 2km (où on peut encore courir), nous arrivons sur la première fortification de celles que nous allons croiser tout le long de la course : l' ouvrage de Froideterre. Il faut attendre le 15-16ème kilomètre pour remplir les flasques et manger un bout de banane au premier ravito.

🎥16km premier ravito

Commence alors la deuxième partie de la course, celle qui nous fait vraiment entrer dans le souvenir et avec des conditions de sentiers nettement plus techniques.

Le Trail des Tranchées - Le long des tranchées

A cet endroit, nous sommes quasiment revenus au point de départ, derrière l'ossuaire. Nous attaquons alors la "vraie" partie des tranchées, surtout constituée de sentiers pas assez larges pour deux et surtout très gras. Il a plu une bonne partie de la semaine, et le passage des premiers coureurs, combiné à celui des coureurs du 32km passés plus tôt, a transformé la terre en glaise à l'adhérence impossible. Evidemment, ça glisse, beaucoup.

🎥Tranchée des Baïonnettes

Entre les 20ème et 35ème kilomètres, on est au coeur du champ de bataille. Des noms connus, des histoires apprises à l'école, la terrible Tranchée des Baïonnettes, le Fort de Douaumont et surtout le Fort de Vaux où les soldats ont connu l'enfer pendant 7 jours. On observe cela, sans trop l'intégrer. Courir est difficile en soit, et l'esprit n'est pas vraiment apte à réfléchir lorsqu'il faut surtout éviter de tomber, relancer au moindre replat, négocier la forme des trous d'obus qui émaillent encore, 100 ans après, tout le coin.

Le Trail des Tranchées - Contre-escarpe Fort de Douaumont

Vers le km 26, on contourne le Fort de Douaumont, dans le large fossé flanqué des escarpes et contre-escarpes.

🎥Fort de Douaumont

Entre le Fort de Douaumont et celui de Vaux, dans le petit vallon en contrebas, là où se trouvait justement le village de Vaux complètement rasé par les bombardements, on trouve le 2ème ravito. Sur les distances inférieures à 60km je suis en général autonome en nourriture, mais ici je prends un petit morceau salé. Je fais aussi le plein d'eau.

Le Trail des Tranchées - vers le 40ème km

🎥Fort de Vaux

Après le fort de Vaux, c'est la partie la plus difficile. Pas tant du fait des longues montées, mais surtout parce que le terrain est constamment en relance, quasiment plat mais pas tout à fait, et surtout très très gras. Je chute en doublant 2 coureurs, sans conséquence. Il faut être vigilant, et le choix de mes chaussures, de vieilles Saucony Koa ST aux crampons très marqués a été judicieux. Je me débrouille globalement mieux que mes camarades sur toute la partie entre le 25ème et le 50ème, reprenant d'ailleurs une trentaine de places après la mi-course.

Mon conseil : essayez vraiment de partir doucement sur les premiers 20km qui sont très roulants, car c'est après que l'effort est le plus exigeant. Cela dépendra aussi des conditions météo le jour de la course, et des jours suivants, mais un terrain très gras est surtout très usant.

Le Trail des Tranchées - Le terrain est gras et glissant

Mes chaussures peuvent témoigner du terrain quand il a plu.

🎥Fin de course

La fin du parcours est heureusement plus tolérante. Peut-être parce que la géologie change, ou parce que le coteau que nous descendons en direction de Verdun est exposé plein du sud, et donc plus sec. Le sol devient plus classique. Humide certes, mais plus vraiment gras. Pour faciliter les choses, je profite des 3 kilomètres de faux plat descendant pour doubler encore quelques coureurs jusqu'à l'entrée dans Verdun, le long de la Meuse. Les 2 derniers kilomètres de bitume dans la ville ne sont pas totalement de mon goût, mais c'est la fin ! Je termine en 7h37, à la 221ème place sur 427.

Le Trail des Tranchées - le long de la Meuse

Sur la fin de course en entrant dans Verdun, le long de la Meuse.

Debrief

C'est la deuxième course de la saison, après le Maxicross de Bouffémont, qui est toujours ma course de reprise début février. Je ne suis toujours pas à mon niveau habituel, et j'ai clairement eu du mal à tenir une allure correcte, même si le fait de doubler des coureurs en fin de parcours pourrait ressembler à de l'efficacité. Disons que c'est encore le début de la saison, et que je n'ai pas eu la possibilité de beaucoup courir du fait que je vis en partie en Savoie (encore de la neige). Pour autant, j'ai bien géré la course, puisque j'ai repris 37 places entre le 25ème km et l'arrivée.

La course est top, très bien organisée, avec le bus qui mène au départ et qui évite de charger l'aire de départ autour de l'Ossuaire de Douaumont. C'est aussi beaucoup simple, puisque la voiture nous attend à l'arrivée. Le parcours est très bien balisé, et surtout profite de beaucoup de bénévoles, avec des aiguilleurs à chaque changement de direction. Les ravitaillements sont disposés à la bonne distance (16, 32, 42, 50 eau), et même si ils ne sont pas "gourmets" comme certains aiment, ils proposent tout ce qu'il faut : sucré, salé, fruits, coca, eau...

Infos pratiques

Je vous suggère de loger dans un hôtel historique de Verdun, le Tigre, un ancien hôpital de campagne où les soldats étaient soignés, un peu à l'entrée de Verdun et à seulement 3 minutes du départ du bus (et de l'arrivée d'ailleurs). L'endroit est rustique, pas cher, et surtout permet de se mettre un peu dans l'ambiance historique: Georges Clemenceau, surnommé " Le Tigre", est venu y soutenir les soldats.

Je conseille fortement d'arriver l'avant-veille de la course à Verdun, et de passer la journée du samedi à visiter les lieux. Dans la course, il est difficile de réaliser, ou de se souvenir tout à fait de ce qui s'est passé ici en 1916. Ainsi, visitez :

Pour terminer, évidemment, regardez ma vidéo du Trail des Tranchées !