L'Infernal Trail des Vosges, le 70km. Récit de course.

Une course exigeante sous le soleil

Cela fait longtemps que je voulais venir courir dans les Vosges, sur cet Infernal Trail au nom évocateur. Pour ma première fois, je ne voulais pas attaquer par du lourd, l'événement proposant quelques folies comme le 200 km pour les plus braves. Je me suis rabattu sur le 70 km, plus modeste, et surtout plus prudent considérant que je viens de courir l'OCC à Chamonix. Au programme, 3 400 m de dénivelé positif dans les forêts des Vosges, autour de Remiremont, dans le massif du Fossard, et sur les sentiers de la Station de trail de Saint-Nabord.

📷 L'Infernal Trail des Vosges, le 70km. Récit de course. | Une course exigeante sous le soleil

L'Infernal Trail en est à sa 15ème édition, et l'événement est surtout connu pour les longues distances qu'il propose. C'est d'ailleurs un des rares endroits en France où on trouve un 200 km de 10.000 d+, qui s'adresse évidemment aux coureurs très expérimentés. Pour les coureurs plus raisonnables, et encore :

  • 130 km et 6200 d+
  • 100 km et 4600 d+
  • 70 km et 3300 d+
  • 30 km et 1100 d+
  • 15 km et 600 d+
  • Il est aussi possible de participer en duo ou trio sur les distances 200, 100, 70 et 30.
  • Vous trouverez évidemment toutes les informations sur le site de l'Infernal Trail des Vosges
Le parcours et le profil de l'Infernal Trail 70 2023

Le parcours et le profil du 70k de l'Infernal Trail, que vous pouvez aussi retrouver sur mon activité Strava.

Le coureur habitué aux chiffres aura constaté que le dénivelé est très présent, sans toutefois être aussi important que dans les Alpes ou les Pyrénées. Le 100k offre 4600m de d+ là où une CCC propose 6100m pour une distance équivalente. Il faudra courir un peu plus, affronter des montées plus courtes mais tout aussi exigeantes compte tenu de leur répétition. Le terrain sera également moins technique et plus forestier, la forêt des Vosges présentant certes quelques racines, mais un sol plus souple que dans les massifs de plus haute altitude.

Le départ de l'Infernal Trail 70k de 2023

Le départ de l'Infernal Trail 70km.

J'avais prévu de courir l'Infernal Trail déjà en février cette année, mais j'ai mal considéré l'enchaînement avec l'OCC de ses 55k/3300d+ (la petite sœur de l'UTMB). Seulement 10j séparent les 2 événements, ce qui pouvait laisser un peu d'incertitude quant à ma fraîcheur au départ de ce 70k Vosgien.

La course, disons l'ensemble de l'événement, est basée dans le petit village de Saint Nabord, non loin de Remiremont. Le village du Trail s'est installé sur un vaste stade ouvert, endroit sans doute dédié aux festivals et autres grands regroupements populaires, à quelques centaines de mètres de la Moselle qui coule non loin, et que tous les coureurs devront traverser au moins 2 fois.

C'est également ici que se trouve l'épicentre de la station de trail de Saint-Nabord. Le 30km de l'Infernal Trail emprunte certains des sentiers de la station. C'est d'ailleurs une excellente manière de découvrir le terrain en dehors de l'événement.

Vue sur Remiremont depuis le Saint-Mont

Vue sur Remiremont depuis le Saint-Mont, sommet où les coureurs passent après 10km de course.

Je loge dans la ville de Remiremont (vous trouverez pas mal d'informations à l'Office de Tourisme Remiremont Plombières-les-Bains). Construite avec le temps autour d'une abbaye fondée au haut Moyen Âge (L'abbaye de Remiremont), la petite cité conserve un patrimoine religieux important, plusieurs bâtiments en particulier dont le palais abbatial (qui abrite l'hôtel de ville), les églises Saint-Pierre et Notre-Dame ainsi qu'une dizaine de maisons de chanoinesses. Pour mettre dans l'ambiance, je suis installé pour 3 nuits dans une ancienne chapelle aménagée en appartement, un endroit que je recommande fortement pour son originalité.

Traversée de la Moselle au départ de l'Infernal Trail. 2023

Traversée de la Moselle, 1km après le départ.

Le départ de la course a lieu le samedi à 9 h. C'est parfait, pas trop tôt, mais estimant mon temps de course à 13 heures, je sais qu'il faudra que je sorte la frontale sur les derniers kilomètres (heure d'arrivée estimée à 22 h). Après environ 1 km de large chemin, on traverse la Moselle sur un amusant pont flottant composé de gros bidons en plastique. Vient ensuite la première montée en single où ça bouche assez vite. J'avais prévu de partir très lentement à l'arrière du peloton, et je ne suis pas surpris par ce fort ralentissement proche de l'arrêt, c'est un classique en course lorsqu'on ne part pas fort.

Les chemins de l'Infernal Trail des Vosges. 2023

La forêt vosgienne

Après un peu moins de 2 km et 400 d+, on enchaîne sur un chemin en balcon qui surplombe la vallée de la Moselle et Remiremont, avec quelques ouvertures qui montrent le paysage des Vosges en direction du Sud. Je fais un départ tranquille, presque lent sur les ~10 premiers km, car la course est longue.

La chaleur commence à taper en arrivant au sommet du Saint-Mont, dégagé et en plein soleil. Heureusement, la majorité du parcours est en forêt, mais le manque de vent par endroit rend l'épreuve plus difficile qu'il n'y paraît.

Le Saint Mont au dessus de Remiremont, vers le 10ème km de l'Infernal Trail des Vosges

Le Saint-Mont

Premier ravito dans le village du Syndicat, un nom étonnant. On doit d'abord traverser 1-2 km de route avant de rejoindre le ravitaillement devant une école, ou un autre établissement public. Ces 20 premiers km, courus pourtant en début de journée et principalement en forêt, laissent présager d'une deuxième section difficile. En effet, c'est à nouveau 20 km sans ravitaillement qui nous attendent.

Je tiens d'ailleurs à indiquer que l'organisation n'est pas assez rigoureuse quant au matériel obligatoire imposé aux coureurs : je lis "réserve d'eau 1 l", or c'est clairement insuffisant. Un coureur expérimenté l'aura pressenti en prenant au moins 2 l en anticipant la journée chaude et ensoleillée. Mais quand même, une liste de matériel obligatoire est d'abord là pour sécuriser les coureurs imprudents.

En sortant du Syndicat, on attaque avec la plus grosse montée du parcours, en direction de Chèvre Roche. En écrivant cet article, je découvre qu'il s'agit d'un site géologique remarquable de la région, où de gros blocs de granite reposent sur une dalle de grès vosgien. C'est plutôt en général plutôt l'inverse qu'on observe, le grès étant plus récent que le granit lorsqu'on le trouve à un endroit. C'est principalement dû à l'activité des glaciers qui déposèrent les blocs de granite lors des différentes glaciations qui eurent lieu dans les Vosges.

Après Chèvre Roche, sur l'Infernal Trail 70, 2023

La relance en descente après Chèvre Roche

Le temps de profiter de la vue sur la vallée et les parapentes qui décollent, on continue en direction du deuxième ravito, Julienrupt, sur un profil cassant qui rajoute à la chaleur. On est au plus chaud de la journée, et je dois faire un arrêt le long d'un petit ruisseau dans la forêt pour faire le plein. Je ne suis pas le seul à remplir au moins une flasque. Je souffre pas mal sur cette section, mais c'est après la course que je comprends que je m'en sors pas trop mal en regardant l'évolution de mon classement sur la course.

Le village de Julienrupt et le ravitaillement posé en bord de rivière, en partie à l'ombre, sont fortement bienvenus. Nous sommes au 40ème kilomètre, le plus gros de la course est passé tout comme les chaleurs du milieu de journée commencent à s'estomper. Je me sens également mieux et j'ai d'ailleurs l'impression d'avoir mieux vécu les derniers 10 km que mes concurrents.

Infernal Trail 70, petite cascade de Tendon, 2023

La petite cascade de Tendon

Vers le 46ème kilomètre, nous atteignons les premières cascades de Tendon (la grande en l'occurrence), où un point de passage chronomètre les coureurs en attendant le prochain aux Founelles. De nombreux supporters et touristes sont là pour profiter des lieux (appréciés dans la région). Je pensais pouvoir trouver de l'eau à cet endroit, mais ce n'est pas le cas. Pourtant je pensais l'avoir vu sur le roadbook, une erreur de ma part sans doute, mais qui rajoute à ma critique : je trouve que l'orga aurait pu anticiper la journée chaude que nous avons vécue.

Le Belvédère de la Tête de Cuveaux, on y passe sur l'Infernal Trail. 2023

La veille, je suis monté en haut du belvédère de Cuveaux (c'est la fin de la course) pour profiter de la vue

Les derniers kilomètres après le ravitaillement des Founelles, une ferme dégagée au milieu du Massif de Fossard, seront nettement plus agréables. Moins de soleil, tout le monde l'attendait. Le profil n'est pas pour autant plus simple, car même si les longues montées sont terminées, les 3-4 raidillons qui nous séparent de l'arrivée sont bien là. C'est seulement au coucher du soleil, au sommet de la Tête de Cuveaux, que l'image de l'arrivée se dessine.

Coucher de soleil sur l'Infernal Trail des Vosges, Rocher de la Tête de Cuveaux, Massif du Fossard

Le coucher de soleil depuis le rocher de la Tête de Cuveaux, dernier point haut avant de redescendre progressivement vers l'arrivée.

Moins de 10 jours après avoir participé à l'OCC à Chamonix, je suis plutôt assez satisfait de ma course dans les Vosges. En terminant 169e sur 474 coureurs au départ, avec un manque de fraîcheur évident et un certain âge désormais (j'ai dépassé les 50 ans), je peux exprimer mon contentement sur la ligne d'arrivée.

Temps de passage sur l'Infernal Trail 70. 2023

J'ai beaucoup aimé découvrir cette course, un bon compromis de terrain qui offre à la fois du dénivelé et des sections roulantes où il faut pouvoir relancer. La forêt vosgienne est également très immersive, ce que j'aime beaucoup. On notera également les quelques vues dégagées sur le massif depuis les hauteurs, comme au Saint-Mont et à Chèvre Roche. Il n'est pas impossible que je revienne sur l'Infernal, éventuellement pour courir le 100km.

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