TransGranCanaria 2017

Récit et vidéo de course

La TransGranCanaria fait partie de ces courses qui ont un sens géographique, la traversée d'une île de part en part et par les sommets. Avec 125km et 8000m d+ elle a le gabarit d'un bon ultra de montagne. Même si le sommet de l'île dne dépasse pas 2000m d'altitude, la TransGranCanaria offre un dénivelé qui n'a pas trop à envier aux courses des Alpes. On est prévenu, ça va monter

📷 TransGranCanaria 2017 | Récit et vidéo de course

J'arrive la veille de la course pour m'assurer d'une bonne nuit de sommeil sur place. Le vendredi je déjeune avec des camarades de l'équipe Terdav venus comme moi se mesurer à l'événement.

Mes projets de course 2017, mon programme est assez ambitieux. Cette TGC qui a lieu fin février cette année arrive aussi un peu tôt dans la saison. Effet combiné, je prévois de ne pas forcer sur cette course. Je décide d'un départ moins rapide que mes habitudes, puis d'une course un peu sur la réserve si on peut le dire lorsqu'on participe à un Ultra.

Le Profil de la course

Voici le parcours et le profil de la TransGranCanaria.

Le profil indiqué sur la trace GPS est peut-être un peu exagéré. Selon l'organisateur il y aurait plutôt 8000m de d+. Pour ma part je ne saurais vous dire, ma montre m'ayant encore une fois laché pendant l'épreuve. Je n'ai pas eu l'impression qu'il y ait pour autant ces 8000, au feeling...

La course

Vidéo

Je ne saurais que vous recommander de regarder cette vidéo, 25 minutes en immersion dans la course :)
N'hésitez pas à y laisser un commentaire et un pouce, rien de mieux pour me faire plaisir...

0km Départ ➤ Tamadaba 10km

Le départ a lieu d'une petite ville du nord de l'île, Agaete. Contraste saisissant avec la ville d'arrivée, Maspolamas, une énorme station balnéaire avec très peu d'intérêt touristique sauf celui de concentrer un nombre d'hôtels impressionnant.

Dans le sas de départ. En plus du sas Elite, il y a un sas - de 19h. On se place dans le sas 19-25h. La barrière est à 30h.

La course commence par une longue montée avec plus de 1000d+ jusqu'au premier ravito. Le chemin est assez large et laisse la place pour ceux qui veulent doubler. Il faut attendre plusieurs kilomètres pour qu'il devienne un single en balcon depuis lequel nous avons une vue sur la côte nord de l'île. Progressivement aussi le climat change et devient plus humide et vert. Nous atteignons l'altitude des pins canariens (~1500m) au premier ravito. Je suis avec Patrick et Ludovic pendant toute la montée, puis les distance progressivement dans la première descente après le ravito.

Montée en file indienne à la frontale.

10km Tamadaba ➤ Tirma 19km

La descente est humide, le sentier plutôt étroit. Il empêche de beaucoup doubler. comme toujours cela me frustre car je suis plus à l'aise en descente, mais c'est aussi une façon de contenir cette allure que j'ai décidé d'être modérée sur tout le début de course. Pour autant, je profite de la moindre fenêtre pour dépasser les petits pelotons qui se forment comme d'habitude.

Nous avons aussi le droit à un joli bouchon lorsque les coureurs doivent utiliser une corde sur à peine 5m pour passer une zone un peu raide. Le deuxième ravito confirme ma première impression, la qualité alimentaire n'est pas exceptionnelle. Des cubes d'une sorte de mortadelle, des petits morceaux de fromage, du pain blanc, des bouts de bananes, des barres énergétiques. C'est le régime auquel on devra se tenir sur l'ensemble de la course. J'attends quelques minutes, pensant voir arriver mes deux compères du départ, puis je décide de repartir seul.

19km Tirma ➤ Artenara 33km ➤ Fontanales 42.5km

La section entre le 2ème ravito (Altavista) et le 3ème ravito (Artenara) est la plus longue de la course. ~15km
En pleine journée j'aurais sans doute rempli ma troisième gourde, mais ici de nuit je ne prend qu'un litre. Même si nous sommes à la latitude de Marrakech, il ne fait pas très chaud fin février sur l'île. L'humidité aidant, la veste imperméable est nécessaire et les sorties de ravito sont un peu froides. Du coup, c'est souvent un effet collatéral chez moi, mes intestins se manifestent et je dois m'arrêter deux fois sur le bord du chemin.

Très typique des Iles Canaries (comme de Madère et du Cap-Vert), les nuages sont bloqués par le sommet de Gran Canaria, apportant brume et humidité.

Je fais fausse route à deux reprises sur cette portion du sentier, en général parce que je suis celui qui est devant moi et qui fait lui même fausse route. Le balisage est à mon sens le second point d'amélioration (après la nourriture) que l'organisation pourrait considérer. les changements de direction ne sont pas toujours parfaitement indiqués (marquage pas assez insistant), la rubalise n'est pas réfléchissante.

Le soleil se lève pendant la descente sur le 4ème ravito de Fontanales. Je découvre aussi au ravito que la coureuse que je suivais ces derniers temps et que je trouvais très agréable à voir courir dans la nuit est aussi très jolie à la lumière de l'aube. L'arrivée de Ludovic casse le charme, je ne la verrai plus.

Fontanales 42.5km ➤ Teror 56km

Ludovic est donc revenu sur moi, il a abandonné Patrick! Ce n'est pas sans me déplaire car il devient ainsi un axe focus de mon compact, un sujet conscilient et assez joueur de ma vidéo. Le jour aidant, je me mets aussi à faire de régulières petites pauses pour mes prises de vue.
Ludo est un bon descendeur, et je constate que les Kalenji KipRun Trail XT6 qu'il porte et que je suis aussi entrain de tester accrochent beaucoup mieux que mes Hoka Challenger ATR dans le sentier gras qui mène à Teror.

Ludovic dans la descente vers Teror où il perdra une de ses flasques...

Nous nous amusons bien avec Ludovic. Pour me donner un peu de matière pour la vidéo, il décide de faire les descentes à fond les ballons. Il perd aussi sa flasque salomon. Je la vois sur le sentier, je m'arrête, je la rammasse, puis finalement je la laisse sur un cailloux pour que cela lui serve de leçon. Un peu plus tard, à Teror, il oublie ses bâtons et dois retourner les chercher. On a bien rigolé.

A Teror nous retrouvons Anne qui s'apprête à repartir. Sur cette section, et déjà depuis quelques kilomètres nous empruntons un peu plus de routes. Les paysages se révelent aussi. L'île est volcanique, très verte, et je trouve assez peuplée. Les villages ont sans doute historiquement profité de cette partie de l'île plus humide, plus propice à la culture.

Teror 56km ➤ Tejeda 71km

Petit village de montagne.

Le soleil fait son apparition pour notre plus grand plaisir et celui de mon canon en redescendant vers Cruz de Tejeda. Nous y retrouvons Anne qui court avec Artur son chevalier Polonais depuis de nombreuses heures. L'ambiance à se ravito est très bonne, sans doute parce qu'on y passe une musique entrainante, et aussi parce que je suis en pleine forme.

Je suis jusqu'à présent très satisfait de la façon dont la course se déroule pour moi. Je ne force pas trop, je profite du rythme donné par mes camarades qui me convient et qui me permet de filmer. Mis à part mes soucis intestinaux du début de course, tout se passe pour le mieux.

Encore en forme à Tejeda, et excellente ambiance au ravito.

Tejeda 71km ➤ Garañón 82km

Nous quittons le ravito de Tejeda pour Roque Nublo. Roque Nublo, c'est le totem de Gran Canaria, l'ambassadeur de l'île. Un piton volcanique posé sur un large plateau rocailleux. C'est le vestige de l'énorme stratovolcan né il y a 3-4 millions d'années des fonds de l'océan. Dans la montée nous profitons d'une sublime vue sur l'ile voisine de Tenerife et le Teide. Chaque île de l'archipel des Canaries est en fait un volcan né d'un point chaud loin sous la croute terrestre.

Anne à la sortie de Tejeda, accompagnée par Artur.

Dans la montée vers Roque Nublo.

Roque Nublo est le point de passage obligé de tous les touristes visitant l'île. C'est aussi notre cas car un chronométreur y est perché juste au pied du rocher, et il nous faut faire un petit A/R pour badger. Nous nous plaignons un peu mais l'effort est récompensé par la vue.

Roque Nublo.

Le ravitaillement de Garanon est très attendu de tous les coureurs. C'est non seulement le début de la fin (il ne reste plus de grosse montée après), mais c'est aussi là qu'on récupère notre sac de rechange. Dans mon cas je n'avais pas prévu grand chose, seulement une recharge en fruits secs et de la NOK dans le cuissard :)

Comme à mon habitude je profite de chaque ravitaillement pour manger en quantité. Ici à Garanon on nous sert pour la première fois des pates et/ou de la soupe. J'y ajoute de la mortadelle et du fromage et j'engloutis le tout. Le mélange est peu gustatif, mais je me resserts une seconde fois.
Nous retrouvons aussi Moktar entrain de quitter les lieux, et qui semble avoir eu un petit souci. Il aurait du être plus en avant vu son niveau. Il finira d'ailleurs la course comme une fusée.

Garañón 82km ➤ Tunte 94km

A la relance en direction du Pico de la Nieves, le point culminant de l'île ⛰, Ludovic est efficace. Je peine un peu pour ma part, la digestion ne m'aide pas et je me traine. Ludovic nous distance progressivement et disparait dès le début de la descente vers Tunte.

Anne au début de la descente vers Tunte.

Cette section est sans doute la plus belle de toute la course (Roque Nublo mis à part). Le sentier est fait de pavés, il descend en louvoyant, éclairé par un soleil de fin de journée. C'est splendide. Mon bon repas fait son effet, le moins bien de la montée disparait, et je décide de profiter de la descente en accélérant. C'est à ce moment que nous nous séparons avec Anne, la fin de la course se fera en solo pour nous trois.

Après Picos de las Nieves, grosse descente vers Tunte.

Tunte 94km ➤ Parque Sur 120km

Après Tunte il reste deux petites montées d'à peine 200 ou 300m de dénivelé. Dans la dernière belle descente vers Ayagaures je double trois ou quatre groupes de coureurs. Difficile par ailleurs de dire s'il s'agit de coureurs du 125km car depuis quelques temps nous partageons le sentier avec ceux du 85km. Je maintiens une bonne allure et c'est assez confortable de ne pas trop souffir alors qu'on a déjà plus de 100km dans les jambes. Dans cette descente je n'ai presque pas de douleurs aux pieds, les cuisses vont très bien, c'est agréable. L'arrivée à Ayagaures se fait sur le bitume.

Vue sur le Pico de las Nieves après le ravitaillement de Tunte, le soleil va se coucher.

Artur, le coureur polonais qui était avec nous entre Tejeda et Garanon me rejoint à la sortie du ravito pour la dernière partie de la course. Il reste 14km jusqu'à l'entrée de la ville, 20km jusqu'à l'arrivée, mais nous avons entendu parlé d'un fond de rivière rempli de galets assez désagréable. On en parle avec Artur comme d'un gros obstacle à franchir, c'est plutôt amusant après coup. Lui est en pleine forme et je sens qu'il pourrait sans problème me laisser sur place, mais il préfère rester un moment avec moi.

On entre alors dans ce lit de rivière. Le sentier est bien présent mais il est constamment parsemé de pierres et de gros galets le plus souvent instables. Les quelques passages pratiquables ne font pas plus de 100m et nous devons constamment marcher et/ou relancer dès qu'on le peut sur un terrain très incommode. Même en étant frais ce passage est délicat et l'entorse peut arriver à tout moment, alors en fin de course c'est plutôt insupportable.

L'arrivée

Evidemment, comme à chaque fois, les passages interminables finissent pas se terminer et nous arrivons au tout dernier ravitaillement qui marque l'entrée de la ville: Parque sur. Les 3km qui suivent sont une délivrance même si je crois que personne n'a du avoir beaucoup de plaisir sur les pavés de la rivière asséchée et sous les lampadaires de Maspalomas. Artur va littéralement s'envoler sur les 5 derniers kilomètres en me mettant 15 minutes dans la vue, ces enfants l'attendant sur la ligne.

Sur la ligne d'arrivée.

J'arrive finalement au bout de cette course. Il y a une grosse ambiance un peu avant minuit sur la ligne d'arrivée animée par un speaker qui ne ménage pas sa peine pour nous accueillir. Merci à lui, certaines arrivées de courses sont moins festives.

Petit debrief de course

On ne peut pas dire qu'on s'économise sur une telle course. En revanche, on peut dire qu'on n'a pas souffert. C'était mon objectif au départ. Ma saison 2017 est ambitieuse et je dois faire attention. Alors je suis parti tranquillement, puis j'ai fait en sorte d'en garder sous le pied pendant toute la course. Au 100ème kilomètre seulement je commençais à ressentir la fatigue évidente liée à la distance, mais je n'ai pas trop puisé dans mes réserves. Mon chrono (280ème/850) l'indique assez bien, c'est un peu en dessous de ma marque en général, et en m'employant j'aurais pu espérer ~220 (si j'extrapole de mes autres résultats). On peut noter que la différence entre une course "confortable" et une course "à la limite" n'est que d'une 50aine de place sur un peloton de 850 coureurs, de quoi se dire qu'on peut parfois se contenter de prendre du plaisir...

Un grand merci à Anne, Patrick, Ludovic qui ont supporté ma caméra pendant la course. Merci aussi à Artur pour les longues discussions dans les galets de la fin de course.

Le surlendemain de l'arrivée, depuis le sommet de l'île Pico de las nieves, avec petit gilet/maillot de finisher. Au loin Roque Nublo, au fond Tenerife et le Teide.

Temps de passage

Point de passage Temps de courseScratch
Agaete 00:00:00 
Tamadaba 02:01:25593
Altavista 05:44:21454
Artenara 06:47:38423
Fontanales 08:34:38367
Teror 10:41:32343
Cruz de Tejeda 13:32:22337
Roque Nublo 16:06:06328
Pico de las Nieves 17:52:46324
Tunte 19:29:09308
Ayagaures 21:39:51285
Parque sur 24:13:48277
Expomeloneras 24:41:41280

Merci aux différents partenaires qui m'ont donné la possibilité de participer à cette course, en particulier Vueling qui propose un vol direct chaque mercredi entre Paris et Las Palmas, et l'organisateur de la course.

La vidéo